La France a sacrifié sa jeunesse en faveur des +60 ans

Dans plusieurs pays, on regarde avec étonnement regarde la réaction de la jeunesse française concernant le projet de loi de la ministre du Travail Myriam El Khomri, qui vise à faciliter l’accès au travail en assouplissant et en simplifiant la réglementation du travail parfois complexe. Mais des centaines de milliers de jeunes sont descendus dans les rues pour protester.  

Cependant, la réaction de ces jeunes n’est pas aussi irrationnelle qu’elle le semble à première vue. Le journal français Le Monde (accès payant) se réfère à une note de France Stratégie, un organisme de réflexion consulté par le Premier ministre français.

Screenshot 2016-04-01 14.51.18

Ce rapport conclut que la politique française a évolué au cours des trente dernières années pour se concentrer plus particulièrement sur les personnes âgées de plus de 60 ans, au détriment des jeunes de moins de 25 ans.

Entre 1979 et 2011, le pourcentage des dépenses consacrées aux plus de 60 ans par rapport au produit intérieur brut (PIB), est passé de 11% à 17%. Au cours de la même période, le pourcentage affecté aux moins de 25 ans a chuté de 8,5% à 8%.

Le vieillissement démographique ne fournit qu’une partie de l’explication. car les dépenses par tête ont augmenté plus rapidement pour les personnes âgées que pour les jeunes. “La concentration accrue des dépenses publiques résulte également d’un choix – au moins implicite – d’allocation des ressources publiques”, indique le rapport.

C’est en particulier dans le domaine de la formation que la France a pris du retard. Les dépenses en matière d’enseignement supérieur ont augmenté en moyenne de  50% entre 1995 et 2010 dans les 33 pays de l’OCDE . Mais en France, elles n’ont crû en moyenne que de … 16%. La conclusion de la France Stratégie est sans appel:

 

“Les jeunes font office de variable d’ajustement d’un marché du travail dualisé”

Entre 2002 et 2012, de plus en plus de jeunes sont tombés dans la pauvreté. 17,6% du groupe de 18 à 24 ans se situaient en dessous du seuil de pauvreté en 2002, mais 10 ans plus tard, ils étaient plus de 23,3% (+ 33%). Chez les + 60 ans, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a diminué au cours de la même période de 9,9% à 8,3% (- 17%).