La ‘dernière blague française’: le milliardaire français Bernard Arnault a demandé la nationalité belge

« Connaissez-vous la dernière blague #française? Bernard #Arnault veut devenir #belge. Trop drôle… », écrit dans un tweet ironique Jean-Michel Aphatie, un chroniqueur politique sur la radio RTL.

Il faut dire qu’en France, à l’heure où le gouvernement est en train de préciser les conditions d’application de la tranche d’impôt sur le revenu à 75%, la nouvelle a fait l’effet d’une bombe : Bernard Arnault, propriétaire du groupe du secteur du luxe LVMH, et le second homme le plus riche d’Europe, avec une fortune estimée à 41 milliards de dollars selon Forbes, vient de commencer les démarches pour obtenir la nationalité belge. Officiellement, un communiqué affirme que Bernard Arnault, «originaire du nord de la France, a de nombreux liens avec le Belgique tant sur le plan personnel et familial que sur le plan professionnel» et que son holding familial «Groupe Arnault a de nombreux investissements en Belgique et entend les développer». Dans son communiqué, il précise qu’il demeurera un résident fiscal français et que «L’obtention de la double nationalité franco-belge ne change rien à cette situation».

Le Figaro indique que le magnat français, âgé de 63 ans, est depuis longtemps un proche d’Albert Frère, qui est lui-même actionnaire du Groupe Arnault. Les deux hommes d’affaires auraient l’intention d’investir ensemble en Belgique, et ce serait pour faciliter cette collaboration qu’Arnault aurait sollicité la nationalité belge. Il maintiendrait sa résidence en France, et sa demande n’aurait pas été motivée par des considérations fiscales. Toujours selon le Figaro, il avait averti le ministère des Finances en France de ses intentions.

Néanmoins, Arnault avait soutenu Nicolas Sarkozy aux dernières élections présidentielles et il avait rencontré cette semaine le Premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, pour essayer de le convaincre de ne pas mettre en place la taxation des hauts revenus, dont il estime qu’elle nuirait à la compétitivité de la France. Beaucoup d’observateurs doutent de la raison invoquée par Arnault. Il ne leur semble pas nécessaire d’être Belge pour investir dans l’économie belge, et ils estiment qu’Arnault ne fait que se ménager des possibilités d’exil fiscal pour le cas où la fiscalité française tournerait à son désavantage. L’homme d’affaires possède déjà une propriété en Belgique, de même qu’au Royaume Uni.

La classe politique française est en émoi. François Fillon, l’ex-Premier ministre, a mis en cause la politique du gouvernement Hollande : « Quand on prend des décisions stupides, on arrive à ces résultats effrayants». L’ancien ministre du gouvernement socialiste de François Mitterrand, Jean-Pierre Chevènement, y voit une analogie avec les années 1930 : « Bernard Arnault, en demandant la nationalité belge, vient de mettre en lumière le principal problème qui se pose à notre pays : les élites françaises, dans leur immense majorité, ne croient plus en la France». Enfin, dans un communiqué, le Parti Communiste Français a fustigé le milliardaire, évoquant une « désertion fiscale ». « «Il faut mettre hors d’état de nuire les dirigeants irresponsables et cupides», affirme ce communiqué. 

Mise à jour du 11/09/2012 à 12:40 : Bernard Arnault a porté plainte contre le journal Libération qui l’avait mis en photo à sa une lundi avec le titre suivant : « Casse-toi, riche con! » (notre photo). Ce titre faisait référence au « casse-toi, pauvre con », que Nicolas Sarkozy – un proche de Bernard Arnault – avait adressé dans un bain de foule à un visiteur du Salon de l’agriculture de Paris qui avait refusé de lui serrer la main. « Bernard Arnault n’a d’autre choix, compte tenu de l’extrême vulgarité et de la violence du titre du quotidien en date du 10 septembre 2012, que d’assigner le journal Libération en justice », explique sa plainte, rapporte le Figaro

Mardi, le quotidien Libération lui a répondu en mettant le message suivant à sa une : « Bernard, si tu reviens, on annule tout ! ». Il faisait encore allusion à des propos de Nicolas Sarkozy, cette fois-ci provenant d’un SMS que l’ex-président français aurait envoyé à son ex-femme, Cécila.