Principaux renseignements
- La Chine craint un changement d’orientation des États-Unis en sa faveur si la Russie perd la guerre en Ukraine.
- Pékin a menacé de prendre des mesures de rétorsion à l’encontre de l’UE, qui a inscrit sur sa liste noire les banques chinoises qui violent les sanctions contre la Russie.
- Le prochain sommet des dirigeants risque d’être tronqué en raison des divisions profondes et des différends commerciaux entre la Chine et l’UE.
Lors d’une réunion avec la diplomate européenne Kaja Kallas, le ministre chinois des affaires étrangères Wang Yi a exprimé ses inquiétudes quant aux conséquences potentielles d’une défaite russe en Ukraine. Selon des sources au fait de la discussion, Wang a déclaré que Pékin craignait que les États-Unis ne se tournent vers la Chine si la Russie perdait la guerre. Cette remarque franche correspond à la position perçue de Pékin, mais contraste avec les déclarations publiques de la Chine, qui maintient constamment sa neutralité dans le conflit. Cela rapporte le South China Morning Post.
Les tensions s’aggravent entre la Chine et l’UE
Tout en rejetant les accusations de soutien matériel à l’effort de guerre de la Russie, Wang a affirmé qu’une telle implication aurait accéléré la conclusion du conflit. Au cours de leur long dialogue de quatre heures, Wang aurait donné des « leçons d’histoire » à Kallas, soulignant la conviction de Pékin quant à l’imminence d’un pivot stratégique des États-Unis vers l’Asie de l’Est. Une interprétation suggère que si la Chine n’a pas déclenché la guerre, sa poursuite peut servir les intérêts stratégiques de Pékin tant que les États-Unis restent engagés en Ukraine.
Le conflit en cours reste une source majeure de friction entre la Chine et l’UE, qui reproche à Pékin de fournir des biens à double usage à la Russie. Bien qu’elle nie ces allégations et se positionne comme un artisan de la paix, la Chine n’a jamais condamné l’invasion russe et maintient des liens diplomatiques et économiques étroits avec Moscou, ce qui frustre les responsables européens.
Le ton du dialogue de mercredi a été décrit comme respectueux mais tendu. Certains initiés ont été surpris par la franchise du message de Wang, compte tenu notamment de l’imminence du sommet des chefs d’État et de gouvernement en Chine. Les sources ont révélé que Wang a suggéré une éventuelle troncature du sommet de deux jours, indiquant le mécontentement de Pékin face à la position de l’UE à l’approche de l’événement.
De nouvelles confrontations se profilent
L’intention de l’UE d’inscrire deux banques chinoises sur la liste noire pour avoir enfreint les sanctions contre la Russie complique encore les choses. Wang a menacé à plusieurs reprises de prendre des mesures de rétorsion si ces banques étaient finalement inscrites sur la liste.
Les différends commerciaux persistent entre les deux blocs, avec de nombreuses enquêtes en cours concernant les subventions chinoises, les pratiques de dumping et d’autres distorsions du marché. Le récent affrontement concernant les restrictions chinoises sur les exportations de terres rares a également tendu les relations. L’Europe dépend fortement de la Chine pour ces matériaux vitaux utilisés dans un large éventail d’industries. Si Wang a assuré une réduction des délais de traitement des licences d’exportation, il n’a proposé aucune solution concrète pour résoudre le problème des terres rares, ce qui a donné aux fonctionnaires européens un sentiment de « dédain ».