« La Wallonie, terre d’eau », peut-on lire sur le portail d’accueil de visitwallonia.be, site officiel du tourisme dans le sud du pays – sous la rubrique « Plaisirs et loisirs aquatiques » évidemment. Et il est vrai que même en été, notre pays a l’air de rester bien assez vert et humide au nord comme au sud, avec ses innombrables cours d’eau qui abreuvent le paysage. Mais ça ne suffit plus.
La dernière mise à jour d’Aqueduct, l’Atlas des risques liés à l’eau du World Ressources Institute (WRI), pointe 25 pays comme vulnérables à un « risque hydrique extrême », ce que le WRI définit comme des contrées utilisant régulièrement presque la totalité de leur approvisionnement en eau disponible.
La moitié de la population mondiale menacée
Le stress hydrique est un rapport entre la demande en eau et l’approvisionnement renouvelable sur lequel peut compter un pays. Si celui-ci utilise 80% au moins de son approvisionnement pour abreuver ses cultures, ses industries, son élevage ou les besoins de sa population, on parle de risque extrême. À 40 % de son approvisionnement, on parle de risque élevé.
Or, la moitié de la population mondiale – 4 milliards de personnes – se trouve dans les zones de risque extrême. Les 25 pays mis en avant par la nouvelle version d’Acqueduct sont majoritairement situés en Afrique ou au Moyen-Orient, sauf un : le nôtre. Sur les 25 pays les plus vulnérables, nous sommes 18e.
En Europe, on penserait plutôt à l’Italie ou à la Grèce, ou encore à l’Espagne, qui se désertifie alors que ses cultures intensives pompent toute l’eau disponible. Et ces pays sont bien en rouge sur la carte. Mais c’est oublié que le nôtre aussi est en situation de sécheresse. Les averses très abondantes des dernières semaines ont un peu renouvelé les stocks, mais les institutions publiques, même dans cette Wallonie censée être si verte, mettent régulièrement à jour un indice de sécheresse.
Des paysages belges qui vont se couvrir de soleils
La Belgique possède bien plus de sources d’eau renouvelables que, par exemple, le Maroc ou l’Espagne. Le problème c’est qu’elle en utilise vraiment beaucoup : entre 80 et 90% chaque année, selon le WRI. Et si celle-ci commence à devenir moins aisément renouvelable dans notre écosystème, alors la situation pourrait s’aggraver très vite, alors que les épisodes de grande chaleur et les mois sans pluie se multiplient.
Les conséquences s’en font déjà sentir en Flandre : les régions agricoles voient leur avenir très littéralement remis en question. D’autant que dans la région des polders, si l’on pompe de l’eau des nappes phréatiques, le risque est réel que l’eau de mer commence à s’infiltrer et stérilise de son sel les sols cultivés. Dans le Brabant flamand, les cultures de légumes traditionnelles, très gourmandes en eau (haricots, petits pois, betteraves, etc.) sont de plus en plu remplacées par des tournesols, qui supportent bien mieux la sécheresse.