La banque centrale néerlandaise compare la réponse suédoise au Covid-19 à celle du… Brésil

Comparer les conséquences de la crise du Covid-19 au Brésil avec celles de la Suède n’est pas commun. Surtout si cette comparaison est faite par un membre éminent de la banque centrale néerlandaise DNB.

Dans une interview accordée au journal néerlandais Het Parool, Olaf Sleijpen, directeur des affaires monétaires de la Nederlandsche Bank, ne fait aucune distinction entre la manière dont les deux pays ont abordé la crise du coronavirus.

‘Regardez la Suède ou le Brésil, ils ont mis en place un confinement très léger. Vous pouvez maintenant voir que le nombre d’infections est très élevé et que leurs économies sont endommagées.’

La Suède n’est pas le Brésil

Une déclaration étonnante de la part d’un membre d’une banque centrale. Outre l’attaque directe d’un État membre de l’UE, la comparaison avec le Brésil est très regrettable. Pendant longtemps, le président brésilien Bolsonaro a qualifié Covid-19 de ‘simple grippe’. En outre, la semaine dernière, il a décidé de ne pas communiquer de chiffres sur le nombre de cas confirmés et de décès. Les chiffres précédents ont été effacés du site Web officiel du gouvernement. Jusqu’à ce que la Cour suprême du Brésil décide que les chiffres devaient être immédiatement rétablis. La situation est tout à fait incomparable.

Selon Sleijpen, les mesures de confinement ont évidemment des conséquences négatives. Mais il estime que ne pas les mettre en place a eu un effet plus important. ‘En raison du grand nombre de malades et de la forte baisse de confiance, l’impact de cette situation est beaucoup plus important que celui d’un lockdown. Sans parler des conséquences sociales.’

Il est vrai que la Suède est restée en marge de la communauté internationale dans la lutte contre le coronavirus. Le pays a suivi une approche différente et originale. Les écoles, cafés, bars et restaurants sont restés ouverts. Les citoyens étaient considérés comme suffisamment matures pour respecter la distanciation sociale.

De ‘modèle à suivre’ à cancre de la classe

Dans un premier temps, les résultats n’étaient certainement pas pires que dans les pays où un confinement complet était mis en place. Début mai, l’OMS a même appelé ‘la Suède, le modèle à suivre’. De son côté, Stockholm juge inapproprié de déclarer que le pays n’aurait rien fait pour lutter contre Covid-19.

Mais la situation s’est ensuite dégradée. Les maisons de retraite ont été un véritable tombeau: la moitié de tous les décès y ont été recensés.

Avec plus de 10 millions d’habitants, le pays compte actuellement près de 38.000 cas confirmés et 4.400 décès, malgré une faible densité de population. La Suède est désormais le grand perdant par rapport aux autres pays scandinaves. Le Danemark, la Finlande et la Norvège ont quatre, sept et neuf fois moins de décès par habitant que la Suède.

Le consensus autour de la stratégie du gouvernement s’est fortement dégradé. Une commission d’enquête a été mise en place pour enquêter sur ce qui aurait dû être fait différemment. Outre les responsabilités, le but est de savoir pourquoi tant de personnes sont décédées dans des maisons de repos sans être soignées à l’hôpital.

Lors d’une interview donnée à l’agence de presse Bloomberg, la ministre suédoise des Finances, Magdalena Andersson, a par contre rejeté les considérations économiques comme vecteur de la stratégie du non-confinement.

L’opposition suédoise, quant à elle, tente de profiter de la crise. Sur la chaîne de télévision publique SVT, Ebba Busch, la présidente des démocrates-chrétiens, a déclaré que « le gouvernement suédois a volontairement autorisé une propagation importante de la maladie ». La crise du coronavirus pourrait bien se transformer une crise politique majeure en Suède.