L’économie irlandaise est en réalité un tiers plus petite que ce qui est généralement admis. L’excédent commercial de l’Irlande est en fait un déficit. En outre, la dette irlandaise est au moins un quart supérieure à celle qui est indiquée au public. Ces résultats détonants sont issus d’une nouvelle mesure de l’activité irlandaise, adoptée par les statisticiens officiels de du pays, explique le Financial Times. Ils ont calculé ce qu’ils appellent le modified gross national income (revenu national brut modifié), ou GNI, qui vise à « démondialiser » l’économie du pays. « Cela révèle que nous avons une économie étrange », déclare Tom Healy, directeur du think tank Nevin Economic Research Institute. Il rappelle que l’Irlande est devenue une terre d’élection pour de nombreuses multinationales qui profitent de sa fiscalité avantageuse.L’année dernière, le pays a affiché une croissance de… plus de 26 %, le niveau de croissance le plus élevé depuis des décennies, largement au dessus des 7,8 % qui avaient été prévus par l’Office National de Statistiques.
Les inversions des multinationales
Mais en réalité, ce « miracle » provenait pour une grande partie des “inversions”, c’est à dire des rapatriements d’actifs que des sociétés multinationales ont effectués en Irlande pour bénéficier de son taux d’imposition des sociétés ultra-favorable de 12,5 %. Il n’avait donc que peu à voir avec les performances de l’économie réelle, et c’est ce qui a motivé la recherche d’un nouvel indicateur plus représentatif de l’activité réelle du pays.Les statisticiens n’ont pas été déçus par le résultat de leurs efforts. L’année dernière, le PIB de l’Irlande atteignait officiellement 275 milliards d’euros. Mais après avoir neutralisé l’impact des opérations fiscales internationales des multinationales, les statisticiens ont conclu que l’évaluation de l’économie réelle était de seulement 190 milliards d’euros.En outre, après leur correction, l’excédent de compte courant du pays s’est mué en un déficit. Quant au niveau d’endettement du pays, il est passé de 75 % du PIB à 106 % du GNI. Ainsi, l’agence de gestion de la dette du pays était parfaitement fondée à rappeler que l’Irlande demeurait très endettée, comme elle l’a fait la semaine passée.