Il est rentable d’investir dans le péché … rien ne rapporte plus que les actions liées au tabac et à l’alcool

Rien n’est plus lucratif que d’investir dans les « actions péché », c’est à dire liées à l’alcool et aux cigarettes. C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par la London Business School, en collaboration avec le Credit Suisse, dans laquelle les performances de différents produits ont été comparées sur le très long terme.

Un dollar investi en 1900 dans les actions d’un cigarettier américain aurait permis de rapporter 6,28 millions de dollars au total, si l’on réinvestissait au fur et à mesure les dividendes successifs que l’on en tirerait.

L’étude a également montré que les actions des brasseurs et des distilleries britanniques avaient fourni les meilleurs rendements de la bourse anglaise sur les 115 dernières années. Une livre britannique placée sur ce type d’actiosn aurait permis de générer un gain de 243.152 livres sterling, en réinvestissant les dividendes.

En revanche, les producteurs de spiritueux américains ne peuvent pas lutter à armes égales  avec leurs homologues britanniques en raison de la période de prohibition qui s’est étalée entre 1920 et 1933, au cours de laquelle il était interdit de produire de l’alcool aux États-Unis.

Les autres secteurs enregistrent des performances bien plus modestes. Un dollar investi en 1900 dans les chantiers navals américains n’aurait rapporté que 1225 dollars au total; les sociétés américaines du secteur du textile ou de l’acier ne font guère mieux. En revanche, les sociétés d’agro-alimentaire enregistrent des performances honorables (un gain total de 384.027 dollars par dollar investi en 1900).

Elroy Dimson, l’un des chercheurs qui ont travaillé sur cette étude, propose une explication simple pour ces performances supérieures des actions liées à l’alcool et au tabac. Il affirme que le  caractère addictif des produits joue un rôle, mais aussi et surtout le fait que bien des investisseurs refusent pour des raisons éthiques d’investir dans ces secteurs, ce qui a tendance à réduire la demande pour ces actions, et donc, à en déprimer le cours.

Sur les 115 dernières années, les marchés boursiers ont subi une transformation majeure. En 1900, les deux tiers de la valeur de la bourse américaine portaient sur des titres liés aux sociétés de chemin de fer. Au Royaume Uni, les titres liés à ces sociétés représentaient même la moitié de la capitalisation boursière totale de la bourse britannique. En outre, des secteurs industriels cruciaux comme le textile ou celui de la télégraphie, ont disparu. De nouvelles industries sont apparues : les transporteurs aériens, les logiciels et les casinos, par exemple.

Malgré la controverse qui s’est maintenue tout au long du siècle concernant l’existence des « actions péché », ces titres recueillent encore un vif intérêt de la part de certains investisseurs.