Helmut Kohl : ‘S’il y avait eu un referendum sur l’introduction de l’euro, je l’aurais perdu à 7 contre 3’

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« Je savais que je ne pourrais jamais remporter un referendum en Allemagne. Si un referendum avait été organisé pour l’introduction de l’euro, nous l’aurions perdu. C’est assez évident. Je l’aurais perdu, et de 7 contre 3 », a déclaré en 2002 l’ancien chancelier allemand Hemut Kohl, au cours d’un entretien avec Jens Peter Paul, un journaliste allemand. Cette année là, les euros avaient remplacé le deutschemark, mais ce n’est que récemment que cette interview, dont le Telegraph s’est fait l’écho, vient d’être publiée. « Pour qu’un chancelier implémente quelque chose, il doit être un homme de pouvoir. Et s’il est intelligent, il sait quand c’est le bon moment. Dans un cas en particulier – l’euro – j’ai agi comme un dictateur. (…) L’euro est un synonyme pour l’Europe. Pour la première fois, il n’y a plus de guerre en Europe ».

Il est convaincu que la politique démocratique doit être basée sur des convictions, plutôt que sur les aléas électoraux :« La vie politique est ainsi faite. Les élections vont et viennent. La démocratie représentative ne peut fonctionner que si quelqu’un s’assoit et dit : « Voilà. Je vais connecter mon existence à un projet politique ».

Kohl a remporté 4 élections de suite, et dirigé le pays pendant 16 ans. Il avait eu l’intention de passer la main à un successeur au milieu de son dernier mandat, mais il avait renoncé parce que cette époque correspondait à celle de l’introduction de l’euro, une période trop délicate pour lâcher les rênes.

Mais le successeur auquel il avait songé à l’époque n’était autre que Wofgang Schaüble, l’actuel ministre des Finances du gouvernement d’Angela Merkel. Mais Kohl ne semble pas certain qu’il aurait convenu pour le poste : « Schaüble est un homme très doué, c’est incontestable, mais la situation ne convenait pas pour un débutant. Il fallait que ce soit quelqu’un avec une autorité totale ».

L’ancien chancelier estime que la résistance actuelle de l’opinion publique allemande porte essentiellement sur l’idée d’une union monétaire non assortie d’une union fiscale et économique. Il pense que l’absence d’union fiscale est la raison principale de la crise de l’euro.

L’ancien chancelier, aujourd’hui âgé de 83 ans, a souffert d’une crise cardiaque combinée à une chute et désormais, il se déplace dans un fauteuil roulant.