Le gouverneur de la Californie veut obliger les GAFA à payer un “dividende numérique”

Le gouverneur démocrate de la Californie, Gavin Newsom, a proposé d’obliger géants des technologies à verser un « dividende numérique ». Celui-ci consisterait à rétribuer les consommateurs de l’Etat américain pour la fourniture de leurs données personnelles. 

Newsom a émis cette proposition lors de son discours annuel « State of the State », qu’il a donné mardi. Il a rappelé que la Californie s’enorgueillait d’héberger ces entreprises, mais a estimé qu’elles devaient partager les milliards de dollars qu’elles gagnent avec les consommateurs : « Les consommateurs californiens devraient également pouvoir partager la richesse générée avec leurs données. J’ai donc demandé à mon équipe de développer une proposition pour un nouveau dividende numérique pour les Californiens, parce que nous estimons que les données ont de la valeur et qu’elles vous appartiennent. »

Les entreprises de technologie qui « gagnent des milliards de dollars en collectant, en conservant et en monétisant nos données personnelles ont le devoir de les protéger. Les consommateurs ont le droit de savoir et de contrôler comment leurs données sont utilisées », a-t-il ajouté.  Il s’est félicité d’une loi californienne plus sévère en ce qui concerne la protection des données personnelles qui entrera en vigueur l’année prochaine.

Newsom n’a pas indiqué comment à quoi pourrait ressembler ce dividende numérique, mais a promis de proposer un projet « audacieux dans ce domaine ». Ses déclarations sont d’autant plus remarquables que les géants des technologie qui ont fait fortune sur internet, dont Google, Facebook ou Apple, sont basés en Californie.

Les capitalisations stratosphériques des géants du net donnent une image de la valeur de nos données

Peu d’utilisateurs réalisent le volume colossal de la masse de données qu’ils cèdent sans aucune contrepartie aux firmes du numérique. Nous avons tous tendance à penser que notre utilisation des services gratuits fournis par Google et Facebook compense cette concession. Mais il n’en est rien, et en pratique, ces services sont destinés à collecter encore plus de données.

Il suffit de regarder les valorisations de marché stratosphériques de ces entreprises pour le comprendre. Google a réalisé plus de 30 milliards de dollars de bénéfices l’an dernier, tandis que Facebook a gagné plus de 22 milliards de dollars, rappelle Bloomberg.

Une proposition de revenu de base financé par les GAFA

D’autres politiciens ou économistes ont émis des propositions similaires. En 2017,  l’expert en intelligence artificielle Steve Fuller avait suggéré de taxer Google, Facebook, et les autres multinationales du numérique (« GAFA »). Il proposait d’imposer ces entreprises sur leur utilisation de l’intelligence artificielle. L’assiette de cette taxation serait constituée des dividendes générés par les données personnelles des utilisateurs, sous la supervision des gouvernements.

Par exemple, on pourrait envisager de prélever un certain pourcentage sur les recettes de publicité perçues grâce aux données personnelles collectées par les algorithmes. Cet impôt pourrait financer le versement d’un revenu minimum pour les plus démunis et les chômeurs.

Réduire les inégalités à l’époque où nous avons besoin d’un capitalisme plus inclusif

Récemment, Manuel Ochoa Ayala, un chercheur de l’Economic and Business Research Institute, a émis une suggestion similaire. Il propose de rendre payantes les données personnelles exploitées par les firmes du secteur du numérique.

« Les grandes entreprises technologiques sont les véritables gagnants dans un monde de données libre et cela pourrait créer un monde plus inégalitaire, à une époque où nous avons besoin d’un capitalisme plus inclusif », écrit M. Ochoa Ayala.

Dans leur ouvrage « Radical Markets » paru en 2018, Eric Posner et Glen Weyl affirment que la rétribution des individus pour leurs données personnelles permettrait d’augmenter le revenu médian des ménages américains de 20 000 dollars. Il s’agit d’une augmentation plus importante que celle que l’on a constatée pendant la période de l’après-guerre.

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