Après des mois de négociations et trois propositions repoussées, le géant chimique allemand Bayer a finalement annoncé mercredi l’acquisition du géant américain des semences Monsanto. Les Allemands ont payé 66 milliards de dollars (59 milliards d’euros) pour cette fusion. Monsanto se trouve dans une passe difficile en raison de la baisse des prix des produits de base et avait déjà annoncé plus tôt cet année le licenciement de 16% de ses effectifs d’ici 2018.L’impact de cette acquisition aura d’énormes conséquences pour l’agriculture. La combinaison de Bayer et Monsanto représente plus de 29% du marché des semences (Monsanto) et 24% du marché des pesticides (Bayer). De plus, cette domination est mondiale. Bayer détient une grosse part de marché dans les pesticides en Europe et en Asie. De son côté, Monsanto, qui commercialise le Roundup, l’herbicide le plus populaire du monde, et qui a développé un grand savoir-faire dans le développement des organismes génétiquement modifiés (OGM) et l’agriculture numérique, contrôle le marché de l’Amérique du Nord et du Sud.Leur fusion risque de renforcer leur emprise sur le marché des semences les plus vitales, des pesticides et des technologies agricoles, une vive source d’inquiétude pour certains observateurs. Ces derniers redoutent que cela aboutisse à faire monter les prix, à réduire les possibilités de choix et à réduire l’innovation alors que celle-ci est cruciale dans un contexte de développement de la population mondiale. En effet, d’ici 2050, la population mondiale devrait atteindre 10 milliards de personnes. Aux Etats-Unis, les agriculteurs n’emploient quasiment plus que des semences de maïs et de soja OGM.“Ces entreprises se justifient en disant qu’elles ont besoin de devenir plus grosses pour réagir face au changement climatique, aux changements alimentaires, au développement de la population… Mais une grande partie de leur recherche se concentre sur les plus grandes cultures qui rapportent le plus d’argent”, déplore Pat Mooney, président d’ETC Group, une association pour la protection de l’environnement qui surveille l’impact de la technologie sur la biodiversité et l’agriculture. “Ils sont si étroitement spécialisés qu’on a le sentiment général qu’ils ne développeront pas les innovations dont nous avons besoin”, ajoute-t-il.