Face à la flambée des prix de l’énergie, l’Estonie songe à construire sa toute première centrale nucléaire

L’Estonie envisage de recourir à l’énergie nucléaire pour protéger son économie de la volatilité des prix de l’énergie.

La Première ministre estonienne Kaja Kallas et le ministre de l’Economie Taavi Aas ne cachent pas leur enthousiasme pour l’énergie nucléaire. « J’adopte une attitude positive à l’égard de l’énergie nucléaire », a déclaré Mme Kallas. « Si nous voulons parler d’indépendance énergétique, nous devons miser sur le nucléaire », estime M. Aas. Les deux politiciens ont fait ces déclarations au journal estonien Postimees cette semaine.

L’énergie nucléaire a également fait l’objet de nombreux débats au niveau national en Estonie ces dernières semaines. Le gouvernement considère cette forme d’énergie comme un moyen de protéger l’économie contre les chocs des prix de l’énergie qui pourraient se produire régulièrement à l’avenir. La construction d’une centrale nucléaire est donc de nouveau à l’ordre du jour.

Divisions au sein de l’Union

L’énergie nucléaire étant fortement réglementée au sein de l’UE, il est toutefois beaucoup plus difficile pour l’Estonie d’ouvrir une centrale nucléaire que d’autres types de centrales. Par exemple, le pays devrait d’abord construire un site pour stocker les déchets nucléaires, souligne Postimees.

Il y a aussi, évidemment, une très forte division sur l’énergie nucléaire au sein de l’Union. Ce qui inquiète l’Estonie. L’Allemagne, l’Autriche et le Luxembourg, entre autres, sont fortement opposées à l’atome. La Lituanie, partenaire balte de l’Estonie, a voté contre l’énergie nucléaire lors d’un référendum en 2012.

La France et les Pays-Bas, deux États membres plus éloignés de l’Estonie, en sont deux des plus fervents partisans. La Pologne, elle aussi, estime que l’énergie nucléaire peut « combler le fossé de la transition énergétique ». Les Estoniens regardent également vers la Finlande voisine, qui produit de l’énergie nucléaire juste de l’autre côté de la frontière à l’aide de réacteurs russes.

Une mini centrale nucléaire d’ici 2031 ?

Quoi qu’il en soit, le gouvernement estonien craint que sa production d’électricité, notamment à partir de turbines éoliennes, pourrait être insuffisante. Des parcs éoliens offshore supplémentaires pourraient être construits, mais une grande partie de l’énergie doit provenir d’une autre source, écrit Postimees.

Tallinn travaille donc depuis 2020 sur un plan de construction d’une centrale nucléaire. Le ministre du climat, Rene Kokk, a constitué un groupe de travail à cet effet, auquel participe la start-up Fermi Energia. Cette société étudie depuis longtemps la possibilité de construire une mini centrale nucléaire (aussi connue sous le nom de « petits réacteurs nucléaires » – PRM) en Estonie. Il s’agirait d’une première depuis que l’Etat balte a obtenu son indépendance.

Sandor Liive, fondateur de Fermi Energia, a déclaré à Postimees qu’un tel petit réacteur nucléaire, d’une puissance potentielle de 300 mégawatts, pourrait dans le meilleur des cas être opérationnel en Estonie d’ici 2031. Pour cela, le pays balte devrait débourser environ un milliard d’euros.

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