Plusieurs pays de l’Union européenne assistent à une montée en puissance de l’extrême droite, mais l’Espagne semble échapper à ce phénomène. À Barcelone, quelques 160 000 personnes sont descendues dans les rues la semaine dernière pour réclamer que l’Espagne accueille les milliers de réfugiés qu’elle avait promis de recevoir en 2015. Cette manifestation géante est un exemple parlant de ce que Carmen González-Enríquez, analyste au think tank Real Instituto Elcano, nomme « l’exception espagnole ». Alors que beaucoup s’inquiètent de la montée de l’extrême droite en Europe, l’Espagne ne semble pas touchée – alors que les conditions sont les mêmes qu’ailleurs : afflux massif d’immigrants, crise économique et mécontentement croissant vis-à-vis des politiques.
Pourquoi l’extrême droite n’a aucune chance en Espagne
Dans un récent rapport, Carmen González-Enríquez explique que cela serait dû à 3 facteurs : le manque de direction forte à l’extrême droite, le système électoral espagnol qui favorise les partis bien établis, et enfin le triste héritage de la dictature de Francisco Franco.
« Le facteur le plus important est notre histoire récente », explique-t-elle. « La période Franco, qui a duré quatre décennies, a d’une certaine façon vacciné le pays contre le virus du nationalisme extrême et de la xénophobie ». L’horreur de la dictature reste enracinée dans la mémoire de la nation. C’est pour cette raison que la plupart des partis politiques espagnols sont prudents lorsqu’ils débattent de l’immigration, et ne « l’utilisent pas comme arme électorale ».
Ses conclusions rejoignent celle d’un rapport du Migration Policy Institute, qui décrit la politique d’immigration en Espagne comme « généralement ouverte, attachée à l’intégration, et plus soucieuse de développer les moyens d’immigration légale que de limiter les flux ».