Les super-riches paient encore moins d’impôt qu’on ne pense

Il est bien difficile de quantifier les sommes qui ne rentrent pas dans les caisses de l’État pour cause de fraude et d’évasion fiscale. Une approche courante est d’effectuer des contrôles aléatoires des déclarations de revenus, ce qui peut donner une idée de l’ordre de grandeur des recettes fiscales perdues, mais cette méthode a ses limites. Dans une étude récente, l’économiste français Gabriel Zucman et deux confrères scandinaves, Annette Alstadsæter et Niels Johannesen, ont combiné les informations tirées des contrôles fiscaux aléatoires avec deux sources récentes : le listing HSBC révélé par Swissleaks et les révélations des Panama Papers. Ils ont concentré leur étude sur le Danemark, la Norvège et la Suède, avec pour objectif d’évaluer l’ampleur de l’évasion fiscale.

De leur analyse, ils tirent deux conclusions principales :

  • La première est que l’évasion fiscale est très concentrée. Si, chez le ménage scandinave moyen, environ 3% des impôts dus n’ont pas été acquittés en 2006, ce pourcentage augmente de façon considérable chez les plus riches. Les 1% de ménages les plus fortunés payent environ 10% de moins qu’ils ne devraient.

Chez les très riches (les 0,01% de contribuables les plus aisés), ce taux monte à 30% !

  • La deuxième conclusion est que les estimations précédentes ont sous-estimé l’ampleur du problème. Sans compter que les pays scandinaves fraudent moins que les autres : 2 % de la richesse des ménages scandinaves est conservée dans des comptes offshores, alors que la moyenne mondiale est de 4 %.