En Espagne, 21,5 millions de nouveaux contrats de travail ont été signés en 2017. Selon le ministère du Travail, il s’agit d’un record historique. Mais 19,6 millions d’entre eux, soit 91 %, étaient des contrats temporaires. Et c’est un record. Ce dernier chiffre reflète la vulnérabilité extrême du marché du travail espagnol.
Et il y a d’autres bonnes nouvelles. Ainsi, près de deux millions de contrats ont été signés pour une durée indéterminée et désormais, 611.000 personnes supplémentaires bénéficient de la sécurité sociale. 18,46 millions d’Espagnols sont maintenant au travail. C’est 3,42 % de plus qu’en 2016. Le taux de chômage a diminué de 290.000 personnes, et 3,4 millions de personnes sont sans emploi. C’est le chiffre le plus faible en huit ans. Le chômage est tombé dans les 50 provinces espagnoles.
Toutefois, un grand scepticisme domine toujours. Les contrats temporaires sont, pour beaucoup, de faux contrats, qui limitent la sécurité sociale, annulent la formation et portent atteinte à la dignité. Même les institutions internationales comme le FMI, l’OCDE et la Commission européenne ont dénoncé les contrats temporaires, qui n’offrent aucune protection sociale et paient souvent mal.
Des «contrats de chaîne » pour éviter les indemnités de licenciement
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 25 % de tous les contrats temporaires portent sur une durée de moins d’une semaine. C’est 10 % de plus qu’il y a 10 ans. Les jeunes qui ont commencé à travailler en 2015 gagnent 14,4 % de moins que leurs prédécesseurs. Depuis 2010, le salaire moyen en Espagne a augmenté de seulement 1,4 %. La plupart des contrats temporaires ont ce qu’on appelle des « « contrats de chaîne ». Ils sont renouvelés encore et encore, ce qui permet aux employeurs de contourner toutes les obligations d’un contrat à durée indéterminée tout en bénéficiant en permanence d’un employé à temps plein. L’objectif est d’éliminer de cette manière le plus gros coût pour l’employeur – le licenciement. Lors de la prochaine récession, ces travailleurs temporaires seront les premiers à être licenciés, et ils ne percevront aucune compensation.
Malgré tout, l’Espagne demeure la lanterne rouge de l’Europe. Moins de 10 travailleurs sur 100 sont parvenus à décrocher un contrat à durée indéterminée en 2017. La moyenne européenne est de 24 %.