En Grande-Bretagne, des entreprises ont muni leurs travailleurs de badges sociométriques grâce auxquels il est possible de mesurer la qualité de leur sommeil et leur collaboration avec leurs collègues et même analyser leur langage corporel.
Les partisans de la sociométrie affirment que ces applications augmenteront la productivité du travailleur. Les détracteurs évoquent par contre une atteinte à la vie privée. Les badges sont souvent opérationnels 24 heures sur 24.
« Ces badges « portables » peuvent fournir des informations très importantes aussi bien pour le travailleur que pour l’employeur », souligne Ben Waber, chief executive de Humanize, l’entreprise qui produit les badges sociométriques.
Les données recueillies peuvent informer sur la condition physique et mentale générale du travailleur ainsi que fournir des estimations sur la productivité et la satisfaction de l’individu concerné.
Prise de conscience
Une des entreprises participantes dit avoir constaté que l’utilisation de la technologie peut rendre les travailleurs conscients notamment de leur propre style de vie. L’utilisation des badges sociométriques se produit sur base volontaire, mais il faut remarquer que souvent de 75 à 80% des travailleurs collaborent aux projets.
Selon Chris Brauer, directeur de l’innovation à l’université Goldsmith de Londres, cette technologie conduirait par contre finalement à la création d’un curriculum vitae biométrique. « Ce rapport pourrait être demandé lors d’un entretien d’embauche comme preuve du fait que le candidat est biométriquement qualifié pour l’emploi », souligne-t-il.
« On s’inspire à ce propos beaucoup du concept de l’augmented human being qui évoque une catégorie qui a la productivité optimale comme but exclusif. »
« Une telle sociométrie risque cependant de transformer le travailleur en robot » proteste Renate Sanson, chief executive de Big Brother Watch. « Il est inacceptable qu’une entreprise détermine son opinion sur des employés par un contrôle de la personnalité, de la santé et du style de vie en-dehors du lieu de travail. »