Elon Musk vient-il de modifier la notion de diffamation?

Le charismatique entrepreneur américano-sud-africain Elon Musk pourrait bien avoir avoir ouvert une brèche dans un tout nouveau domaine, après sa récente victoire dans un procès pour diffamation.

Au cours de l’été 2018, Elon Musk et Vernon Unsworth, un spéléologue britannique, s’étaient écharpés sur Twitter dans le cadre du sauvetage de plusieurs enfants prisonniers d’une grotte en Thaïlande. Musk avait proposé d’envoyer un sous-marin pour leur porter secours. Mais Vernon Unsworth, le spéléologue britannique, l’avait critiqué, évoquant un ‘coup de pub’. Musk avait réagi par un tweet assassin, qualifiant l’homme de ‘mec pédophile’. Le Britannique avait donc porté plainte pour diffamation, malgré les excuses ultérieures du milliardaire.

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Musk: la liberté d’expression prime sur les réseaux sociaux

Au tribunal de Los Angeles qui avait à juger cette affaire, Musk a expliqué que son tweet n’était qu’une vulgaire insulte, postée sur une plateforme de médias sociaux protégée par la liberté d’expression. Cela implique qu’on peut y émettre des opinions non filtrées, et pas uniquement des déclarations de fait, a fait valoir le milliardaire.

Dans sa défense, il a rappelé que Twitter récompensait les contenus qui suscitent de fortes émotions, mais que personne ne le prend au sérieux.

Un tournant

Les juges se montrent en général plus souples lorsque les affaires de diffamation impliquent des médias sociaux, mais ils ne considèrent pas que ces espaces échappent aux règles habituelles. Aussi, beaucoup d’experts ont exprimé leur surprise à l’énoncé du verdict. Ils estimaient qu’Unsworth avait de bonnes chances de se voir accorder tout ou une partie des 190 millions de dollars de dommages et intérêts qu’il avait réclamés. Selon eux, ce jugement inattendu s’explique par la jeunesse du jury, et la célébrité de Musk.

Mais ils pensent aussi qu’il marquera un tournant, dans la mesure où il modifie la définition de la notion de diffamation.

‘Je crois que désormais, les accusés dans les affaires de diffamation seront enclins à souligner la nature agressive et débridée des médias sociaux, (…), en affirmant que de nombreux mots et accusations autrefois considérés comme diffamatoires ne doivent plus être compris désormais que comme de simples opinions et non des affirmations factuelles’, explique Mark Sableman, un avocat spécialisé dans ce type d’affaires.

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