Emmanuel Macron, l’ex-banquier d’investissement qui a aussi été ministre français de l’Economie dans le gouvernement de François Hollande, a fondé le mouvement politique « En Marche ». La plupart des sondages le considèrent désormais comme un candidat de premier plan, susceptible de remporter la victoire s’il parvenait au deuxième tour des élections présidentielles françaises, opposé à Marine Le Pen.
La question est de savoir si ces sondages ne sont pas entachés des mêmes faiblesses que ceux qui avaient déjà tenté de nous convaincre que le Brexit et Donald Trump n’avaient aucune chance.
En examinant de plus près l’électoral d’Emmanuel Macron, on peut se demander s’il pourrait l’emporter au second tour face à la dirigeante du FN, Marine Le Pen.
L’institut de sondages Ifop a étudié le profil des personnes qui affirment avoir l’intention de voter pour Macron. Il conclut que ce dernier ne recueille que 17 % des voix parmi les ouvriers. Cependant, dans cette classe, Le Pen obtient 34 % des intentions de votes. Cela nous apprend donc que les personnes les plus éduquées voteront plutôt pour Macron, tandis que les personnes peu qualifiées lui préfèreront Le Pen.
Or, le niveau d’éducation s’est avéré crucial, à la fois pour le Brexit (les travailleurs peu qualifiés britanniques souhaitaient sortir de l’UE, tandis que ceux issus de l’enseignement supérieur voulaient y rester) et l’élection de Donald Trump aux États-Unis
Macron est le favori dans les grandes villes, mais pas dans les banlieues, ce qui confirme la possibilité d’une bataille finale entre le candidat de l’élite et le candidat des laissés-pour-compte. De façon remarquable, les immigrés qui résident dans les banlieues ne sont pas forcément opposés à Le Pen. Beaucoup y vivent depuis longtemps, et la dernière chose qu’ils souhaitent est plus d’immigration.
Les deux candidats rassemblent donc deux publics bien différents : Le Pen sépare les mondialistes des patriotes ; tandis que Macron oppose plutôt les progressistes aux conservateurs.
Aux États-Unis, la victoire de Trump a été le produit de l’isolement social des blancs peu qualifiés, exclus de la reprise économique américaine. En octobre de l’année dernière, le FMI avait écrit que le Brexit marquait le début « d’une révolte mondiale». Un mois plus tard, l’Amérique a élu Donald Trump.
On peut se demander si cela pourrait se reproduire en France, mais ce qui est certain, c’est que, dans ce contexte de ras-le-bol, beaucoup sous-estiment les chances de Marine Le Pen.