« Mardi est devenu le jour des exécutions en Égypte », écrit la journaliste americano-égyptienne Mona Eltahawy dans le New York Times. En Égypte, cela fait 3 mardis successifs que des civils ont été pendus après avoir été condamnés à mort par un tribunal militaire.
« Mardi est devenu le jour des exécutions en Égypte », écrit la journaliste americano-égyptienne Mona Eltahawy dans le New York Times. En Égypte, cela fait 3 mardis successifs que des civils ont été pendus après avoir été condamnés à mort par un tribunal militaire.
Ainsi, le 9 janvier, 3 hommes ont été pendus pour des condamnations de viol en Égypte. 7 jours auparavant, 4 hommes soupçonnés d’être des militants islamiques, avait aussi été pendus. Et le 26 décembre, 15 hommes accusés d’être des militants avaient subi le même sort.Tous avaient été jugés par un tribunal militaire. Or, ceux-ci sont loin d’être impartiaux, et délivrent des jugements bien plus motivés par le souci de satisfaire le pouvoir en place, que par celui de la justice.
Le nombre des condamnations à mort a fortement augmenté
Depuis l’arrivée d’Abdel Fattah El-Sisi au pouvoir en Égypte, le nombre des condamnations à mort a fortement augmenté. En 2017, les tribunaux ont prononcé 186 condamnations à mort, selon des chiffres des médias publics égyptiens. En 2016, il n’y en avait “que” 60. De même, le nombre des exécutions a doublé entre 2015 et 2016, passant de 22 à 44. Toutefois, l’année dernière, 16 personnes ont été exécutées en Égypte ; mais au cours des 9 premiers jours de 2018, le pays avait déjà exécuté plus de la moitié de ce nombre.Et ces chiffres ne tiennent pas compte des exécutions non décidées par des tribunaux. En avril, Human Rights Watch a indiqué que les militaires présents dans le Sinaï avaient exécuté au moins 2, et peut-être jusqu’à 8 personnes détenues prisonnières, et non armées. Ces exécutions auraient été maquillées pour donner l’impression qu’il s’agissait de terroristes armés tués au cours d’un raid.
Les droits des justiciables sont bafoués
Parfois, les condamnés à mort sont victimes de torture, comme cela a été le cas pour l’une des 15 personnes pendues le 26 décembre. Selon un avocat des familles, les avocats des victimes n’ont jamais disposé du temps nécessaire pour déposer une demande d’appel. Le ministre de la défense avait déjà signé leurs arrêts de mort.De même, les familles n’ont pas eu la possibilité de voir une dernière fois les condamnées à mort. Il arrive aussi que les familles ne soient même pas informées du lieu des exécutions. Dans certains cas, on ne leur donne pas non plus la possibilité de récupérer les corps.
Une démonstration de force
Pour la journaliste, ces 22 exécutions menées sur 3 semaines consécutives ressemblent à une démonstration de force du gouvernement. Le 25 janvier, on célébrera le 7e année des soulèvements de 2011 qui ont mis fin à la dictature de Hosni Moubarak en Égypte. Sisi veut donc montrer qu’il contrôle la situation, ce qui est loin d’être le cas si l’on songe aux 300 personnes mortes dans un attentat à la bombe en novembre dernier.
Les élections présidentielles
L’annonce de prochaines élections présidentielles en mars pourrait être un autre facteur. Les candidats doivent se déclarer d’ici la fin du mois de janvier. Mais Sisi, qui n’a pas encore présenté sa candidature, trouvera peu d’opposants. L’un des candidats potentiels est en prison, l’autre a disparu après avoir été assigné à résidence, un 3e est actuellement en procès et pourrait être disqualifié s’il est condamné. Quant au 4e, il lui reste à obtenir les milliers de signatures pour se qualifier. Plus des ¾ des députés ont déjà accordé leur soutien à Sissi, qui avait été élu en 2014 avec 96,1 % des suffrages.Il est inutile de compter sur la compassion internationale, déplore la journaliste. L’administration Trump se désintéresse de plus en plus des questions internationales, et au plan mondial, la tendance générale est à la tolérance de toutes les formes de répression.