Le président de la BCE, Mario Draghi, a soutenu l’idée d’un renflouement des banques italiennes par les contribuables (« bailout ») proposée par le Premier ministre Matteo Renzi, plutôt qu’une mise à contribution des actionnaires, des créanciers et des déposants (« bail-in »), comme le prévoit une directive en vigueur désormais.
Draghi a précisé sa position dans ce domaine lors de sa conférence de nouvelles mensuelle. Il a déclaré qu’une aide étatique serait “très utile” pour aider les banques concernées à se débarrasser de leurs créances douteuses. Ces prêts défaillants compliquent la politique monétaire de la BCE, a ajouté l’Italien. Selon lui, la réglementation européenne actuellement en vigueur permet une intervention de ce type.
Le système bancaire italien est assis sur une montagne de créances douteuses (essentiellement des prêts non performants) de plus de 360 milliards d’euros, soit l’équivalent de 21% du PIB national, et de plus d’un quart des créances douteuses de l’ensemble des banques de la zone euro. Ces prêts non performants (ce terme provient du secteur bancaire anglo-saxon) ont triplé depuis 2007. L’idice FTSE Italia All Share Banks Index cote 25% de moins par rapport au cours qu’il atteignait en janvier.
Matteo Renzi
Matteo Renzi
Le Premier ministre italien Matteo Renzi souhaite faire ce que l’Europe interdit depuis quelques mois : il veut sauver les banques avec l’argent de l’Etat. En d’autres termes, Rome souhaite utiliser l’argent du contribuable pour injecter des capitaux dans les banques afin qu’elles puissent respecter le ratio d’adéquation des fonds propres requis.
Renzi joue un jeu politique avec un double pari. D’abord, il veut éviter une nouvelle crise des banques italiennes au bord de la faillite. De plus, il veut montrer qu’il peut résister à la pression de Bruxelles.
Le référendum d’octobre
Depuis les élections municipales du mois dernier, Renzi et son parti sont sous pression. Rome et Turin ont maintenant un maire du parti eurosceptique Movimento 5 Stelle (Mouvement Cinq étoiles) dirigé par le comédien Beppe Grillo.
En octobre, un référendum aura lieu en Italie, au cours duquel on demandera au peuple de se prononcer sur les réformes constitutionnelles proposées par le gouvernement du Premier ministre Renzi, pour rationaliser le système politique du pays.
Cette décision se justifie largement, mais elle donne aux Italiens mécontents une chance de voter contre leur gouvernement. Renzi a promis de démissionner s’il perd le référendum.
Cependant, le vote “Non” progresse dans les sondages. Renflouer les banques italiennes, en employant une méthode à laquelle l’UE est désormais opposée, enverrait un signal fort aux électeurs.
Or, après la crise de 2008, l’UE a décidé que ce ne serait plus le contribuable, mais les actionnaires, les créanciers et, finalement, les titulaires de comptes, qui devraient secourir les banques en cas de difficultés. Le plan de Renzi est donc totalement exclu pour l’UE.
Une chaîne de Ponzi
Draghi a dit qu’il voulait éviter que les banques se retrouvent contraintes de vendre leurs actifs en dessous de leur valeur réelle. Pour Marc Fiorentino de MonFinancier.com, cependant, étant donné les circonstances actuelles, un nouveau bailout bancaire s’assimilerait à une chaîne de Ponzi :
“On est en plein Ponzi scheme. Les États sauvent des banques en quasi-faillite avec de l’argent que les États n’ont pas, mais empruntent quasi gratuitement à la BCE qui elle-même prête aussi gratuitement directement de l’argent aux banques en difficulté. Elle n’est pas belle la vie ?”
Après les déclarations de Draghi, les actions bancaires italiennes sont montées en flèche.