Diia, l’application fiscale ukrainienne qui prend en charge les sinistrés et participe à l’effort de guerre

Les pays d’Europe de l’Est sont souvent à la pointe des derniers développements technologiques et surtout de leur usage dans la société. L’Ukraine ne fait pas exception : chaque citoyen peut aisément contacter l’État via une application, et en temps de guerre, c’est appréciable.

Pourquoi est-ce important ?

Alors que la contre-offensive se fait attendre, on a tendance à se concentrer sur les forces armées ukrainiennes et l'état du front en oubliant que c'est toute une population qui se trouve en état de guerre.

Aider les sinistrés…

Lancée en septembre 2019, Diia est une application très pratique qui réunit toutes les tâches administratives que peuvent devoir accomplir les Ukrainiens au quotidien, de l’enregistrement des actes de naissance au renouvellement des passeports en passant par les démarches fiscales. Le genre d’outil dont on aurait bien du mal à trouver un équivalent en Belgique. Mais depuis la guerre, Diia a trouvé bien d’autres usages, et symbolise, pour les Ukrainiens, un état qui ne les abandonne pas : 19 millions de smartphones sont connectés à Diia, soit 70% des appareils du pays.

  • L’application permet ainsi aux sinistrés et aux victimes de bombardement de se signaler et de demander des fonds pour réparer les bâtiments endommagés.
  • Elle permet aussi de créer un « document d’évacuation » numérique regroupant toutes les informations personnelles, très utile pour accélérer tous les contrôles et les vérifications alors qu’une bonne partie de la population a dû évacuer les zones de combat.

« Après le déclenchement des hostilités, nous nous sommes demandés de quoi les citoyens ukrainiens avaient besoin. Ils avaient besoin d’argent, de protection, d’être indemnisés lorsque des roquettes tombaient sur leur maison. […] Nous avons agi davantage comme une start-up, et non comme une entreprise du secteur public. Nous avons regardé Uber, Airbnb, Booking.com, les services bancaires mobiles. Vous pouvez parler d’éducation numérique, mais regardez comment les personnes âgées s’habituent à la technologie. »

Mykhailo Federov, vice-premier ministre ukrainien, devant le Parlement européen

… Et signaler l’ennemi

Sauf que Diia a été enrichie de nouvelles fonctionnalités ces derniers mois, et certaines tiennent plus de l’acte de résistance que de la gestion administrative, relève The Guardian.

  • L’application peut servir de radio, dans le but assumé d’offrir une distraction aux Ukrainiens bloqués dans les caves ou les abris durant les alertes aériennes.
  • Le système permet ainsi d’utiliser la fonction « e-enemy », un chatbot permettant de signaler l’emplacement des troupes russes. Une source de renseignement particulièrement utile pour l’armée ukrainienne.
  • L’application fonctionne aussi pour gérer ses bons d’État ukrainiens – y compris les bons spéciaux émis pour nourrir l’effort de guerre.

Cela peut paraître dystopique : voici que les nouvelles technologies issues de l’optimisme insubmersible dans l’humain qui caractérise la Silicon Valley se retrouvent très utiles dans un contexte de guerre. Mais c’est là un signe de la débrouillardise – et de la préparation – d’une société ukrainienne qui se considère en guerre depuis 2014.

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