Des narco-trafiquants qui opèrent en sous-marin

Les trafiquants de drogue colombiens innovent en permanence pour concevoir des moyens de transport pour leur marchandise, avec toujours une longueur d’avance sur les autorités qui les traquent. Cependant, en juillet 2010, lors d’un raid dans la jungle, la police équatorienne découvrit ce qui semblait être un « astillero », un chantier naval. Dans le lit de la rivière, les policiers trouvèrent un sous-marin abandonné par les ouvriers qui avaient fuit. D’une longueur d’environ 22 mètres, il était camouflé avec de la peinture, doté de deux hélices et d’une tourelle, comme un authentique vaisseau militaire.

Le rapport d’enquête indiqua que les caractéristiques de l’engin, notamment sa coque épurée, son système de propulsion diésel/électrique et son système de ballast, témoignaient d’une certaine expertise dans le domaine des submersibles. La coque était faite d’un matériau coûteux et résistant mêlant kevlar et fibre de carbone. Le sous-marin copiait le système de propulsion des u-boot allemands, utilisant un moteur diésel en surface relayé par un moteur électrique alimenté par batteries très discret pendant les immersions. Visiblement équipé pour un équipage de 6 à 10 personnes, il pouvait passer 10 jours en profondeur et embarquer jusqu’à 9 tonnes de cocaïne, pour une valeur de 250 millions de dollars. Le poste de pilotage était équipé de GPS et de radio pour communiquer avec les relais des trafiquants, et un périscope complété d’une caméra infrarouge montée sur la tourelle assurait la sécurité des remontées.

L’usage de matériaux coûteux, la technologie mise en œuvre (249 batteries), suggèrent que la fabrication du sous-marin a probablement dû couter près de 5 millions de dollars, et réclamer les compétences de plusieurs équipes d’ingénieurs. Mais on en sait très peu à ce propos. On suppose qu’ils ont amélioré les méthodes que Miguel Angle Montoya relate dans son livre, où il raconte les conditions dans lesquelles il a participé à la conception de submersibles bien plus rudimentaires dans la jungle pour le compte des trafiquants de drogue.

Bergman, de l’ambassade américaine à Bogota, avait immédiatement pensé qu’il devait y en avoir d’autres. En février 2011, la marine colombienne a annoncé qu’elle avait mis la main sur un second sous-marin.