Déplacer la production hors de Chine? Non, merci…

Il y a exactement un mois, le gouvernement japonais avait annoncé qu’il aiderait financièrement les entreprises japonaises à déménager leur production hors de Chine et à la rapatrier. La raison semblait évidente: le coronavirus a gravement perturbé les chaînes d’approvisionnement entre les principaux partenaires commerciaux. Mais la réaction des entreprises nippones se révèle jusqu’à présent plutôt tiède…

Le plan de relance japonais prévoit notamment le remboursement de la moitié des coûts qui seraient encourus pour rapatrier la production au Japon.

Au total, 23.000 entreprises japonaises disposent d’un site de production en Chine. Et chaque année, elles injectent 124 milliards de dollars dans l’économie chinoise.

Mais difficile de trouver de l’enthousiasme concernant ce volet du plan de relance au sein des entreprises japonaises. Le journal South China Morning Post a interrogé un certain nombre de grandes sociétés nippones, dont Toyota. La réponse est toujours la même: ‘Nous comprenons la position du gouvernement japonais. Mais notre chaîne de production est tellement intégrée que nous pouvons à tout moment faire face à des crises telles que la pandémie actuelle’.

Toujours plus dépendant de la superpuissance géopolitique

Une véritable épine dans le pied des décideurs politiques japonais. Ils voient leur pays devenir de plus en plus dépendant de la superpuissance géopolitique qu’est la Chine. Les médias de l’archipel rapportent néanmoins que plusieurs entreprises vont accepter l’offre de leur gouvernement. Mais celles-ci veilleront à ne pas rendre ce rapatriement trop ostentatoire, afin de ne pas froisser les Chinois. Il est de notoriété publique que le président Xi Jinping a peur de mettre à mal le travail réalisé par l’un de ses prédécesseurs, Deng Xiaoping, il y a 40 ans.

Au Japon, on estime que la crise du coronavirus a révélé au grand jour le fait que la sécurité nationale était en péril. Et il n’en va pas autrement en Occident. Nous nous sommes aperçus que nous étions devenus dépendants de la Chine pour un trop grand nombre de produits médicaux.

Dans le Japan Times, David Arase, qui enseigne la politique internationale au Johns Hopkins University – Nanjing University Center for Chinese and American Studies, déclare ‘qu’il n’est pas nécessaire de déplacer les entreprises japonaises hors de Chine. Il suffit de réduire la dépendance du Japon en restructurant les chaînes d’approvisionnement. Elles pourraient ainsi devenir moins vulnérables aux chocs inattendus.’

Selon lui, les efforts du gouvernement de Shinzo Abe ne sont donc pas un échec. Ils constituent plutôt le commencement d’un long processus.

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