De l’art de la posture

La posture droite, primitivement destinée à permettre au corps d’en imposer à d’éventuels adversaires pour les dissuader d’attaquer, est devenue, au fil du temps, un dictat de l’éducation ou de l’armée. Les adeptes du « tiens-toi droit » font valoir que la posture, qui permet de gagner spontanément du respect des autres, permet également d’affecter positivement notre estime de nous-mêmes.

Li Huang et Adam Galinsky, deux chercheurs de l’université de Northwestern University dans l’Illinois, aux Etats Unis, en ont étudié les effets. Dans la première partie de leur étude, on propose aux « cobayes » d’essayer des fauteuils ergonomiques dans le cadre d’une opération marketing, pendant 2 ou 3 minutes, dans une posture qui leur est indiquée. A la moitié des participants on demande d’adopter une position décontractée de nature à évoquer une grande assurance. Aux autres, au contraire, on prescrit une posture prostrée manifestant le repli sur soi. Ensuite, les participants prennent connaissance des résultats d’un questionnaire qu’ils ont rempli, et qui permet de leur attribuer un statut de responsable ou subordonné nécessaire pour la poursuite du test.

Dans la seconde partie, les participants doivent compléter les fragments de mots privés de certaines lettres avec les lettres de leur choix, les fragments en question pouvant être complétés de plusieurs façons différentes, dont une aboutit à un mot associé à la notion de pouvoir.

Les résultats furent surprenants : bien que d’autres études aient souvent souligné qu’un simple titre augmentait le sens du pouvoir chez l’individu, les chercheurs Huang et Galinsky ne trouvèrent pas que les personnes investies du statut de responsable reformaient plus de mots associés à la notion de pouvoir que les autres. En revanche, ils trouvèrent une corrélation positive avec les personnes ayant adoptés la posture de confiance en soi dans le fauteuil, qui formaient 3,44 mots associés au pouvoir, contre 2,78 pour ceux qui avaient eu à adopter une posture défensive. Des tests plus avancés démontrèrent une corrélation supplémentaire entre la posture expansive et un plus fort sens de l’action.