La culture du “pas cher” menace la classe moyenne

Les comparateurs de prix et l’économie du partage, qui généralisent la culture du “pas cher” et qui tendent à tirer les prix vers le bas, nuisent à la survie de la classe moyenne, ce qui finira par être préjudiciable à toute la société. Cette conviction, c’est celle de Nicolas Arpagian, rédacteur en chef de la revue “Prospective Stratégique”, qui est aussi l’auteur de “La Cybersécurité”, aux éditions PUF. Les comparateurs de prix, qui sont légion sur Internet, offrent la possibilité de comparer rapidement les offres de multiples détaillants pour acheter au meilleur prix. Cela a eu pour effet de durcir la concurrence, et de menacer la survie des commerçants, forcés de rogner sur leurs marges.Ce phénomène est accentué par l’arrivée de mastodontes de l’économie de partage, qui permettent à des particulier de confronter leurs offres à prix cassés avec celles des professionnels, sans avoir les mêmes structures de coûts, ni les mêmes contraintes réglementaires.

Les consommateurs le payeront plus tard

Dans ces circonstances, la notion de valeur des produits est totalement dévoyée, et les commerçants ne sont pas les seuls à être pris au piège de ce système, affirme Arpagian. Car les consommateurs, s’ils en profitent à court terme, subiront progressivement les impacts négatifs de cette culture du “pas cher” au travers de salaires inférieurs, notamment. “Il devient urgent que les citoyens-consommateurs comprennent le mécanisme d’élaboration d’un prix pour aborder leurs achats de manière raisonnable. Le salaire décent auquel chacun aspire ne peut trouver son financement dans une quasi-gratuité systématisée”, écrit l’auteur. Il rappelle que beaucoup de métiers sont désormais concurrencés par l’intelligence artificielle, et que peu d’entre nous seront épargnés par cette évolution. Or, cette automatisation menace plus particulièrement la classe moyenne, qui a toujours été un facteur crucial pour la stabilisation de nos sociétés. Il conclut : “Sa disparition annoncée remet en question notre mode d’organisation collective. Et ce n’est pas un robot qui pourra nous apprendre à vivre dans ce monde-là”.