L’Afrique du Sud vient d’annuler un moratoire qui interdisait le commerce de la corne de rhinocéros depuis 2009. Cette décision a relancé l’intérêt de l’élevage commercial du pachyderme. L’élevage du rhinocéros pourrait-il mettre fin au braconnage, et peut-être permettre d’éviter la disparition de l’animal ? Ce n’est hélas pas la conviction de Ross Harvey, un chercheur de la School of Economics du Cap.
L’Afrique du Sud vient d’annuler un moratoire qui interdisait le commerce de la corne de rhinocéros depuis 2009. Cette décision a relancé l’intérêt de l’élevage commercial du pachyderme. L’élevage du rhinocéros pourrait-il mettre fin au braconnage, et peut-être permettre d’éviter la disparition de l’animal ? Ce n’est hélas pas la conviction de Ross Harvey, un chercheur de la School of Economics du Cap.
Chaque année, les braconniers tuent 1500 rhinocéros pour leur corne, qui est réputée avoir des vertus aphrodisiaques dans certaines cultures asiatiques. L’éleveur de rhinocéros le plus prospère du monde, John Hume, explique que les cornes de rhinocéros repoussent lorsqu’elles ont été coupées. Il est donc possible de prélever la corne sur des animaux élevés dans ce but.Les opposants de la création d’un marché légal de la corne de rhinocéros affirment qu’il pourrait contribuer à augmenter la demande. De nouveaux consommateurs pourraient s’intéresser à ce produit, s’il devenait légal. La fin de l’interdiction banaliserait également la possession de la corne.De plus, certains consommateurs demeurent convaincus de la plus grande valeur de l’animal sauvage sur l’animal d’élevage. C’est spécialement vrai pour le rhinocéros. Les braconniers ont pour habitude de couper la corne à la base du crâne de l’animal, une pratique qui est fatale à ce dernier.La hausse de la demande consécutive à la création d’un marché légal ne manquerait pas de faire flamber les prix, et donc d’encourager le braconnage des animaux sauvages. Dans certaines parties de l’Asie, la corne de rhinocéros se vend 60 000 dollars le kilo.
L’élevage est coûteux
Les éleveurs affirment qu’il est possible de marquer les animaux sauvages et de les équiper de sondes pour empêcher leur braconnage. Mais la mise en œuvre de ces mesures n’est pas possible actuellement. Les réseaux qui se livrent à ces trafics bénéficient souvent de complicités au sein des gouvernements et il leur serait facile de contourner cette difficulté.Enfin, l’élevage d’animaux sauvages est coûteux. La repousse de la corne est lente, puisqu’elle n’est que de 6 cm par an pour les jeunes adultes, et même encore moins rapide pour les rhinocéros plus âgés. En outre, les rhinocéros nés en captivité sont souvent stériles.Les essais d’élevage sur certaines autres espèces sauvages, comme le porc-épic en Asie du Sud-Est, l’éléphant d’Afrique, l’ours, ou le cerf mulet, ne sont jamais parvenus à mettre fin au braconnage. En effet, leur exploitation commerciale ne permettait jamais de satisfaire la demande.