La grande crainte des constructeurs automobiles ? Devenir le Nokia des voitures

Les grands constructeurs automobiles s’inquiètent de plus en plus de perdre du terrain au profit des grandes entreprises technologiques de la Silicon Valley et de subir le même sort que Nokia : disparaître en raison d’une évolution du marché vers une dimension qu’ils ne maîtrisent pas. C’est ce qu’a affirmé  investisseur et  pionnier de l’Internet pionnier Marc Andreessen (photo) lors d’une interview accordée à Bloomberg :

« Les CEOs de constructeurs automobiles, la nouvelle génération, ils travaillent tous là-dessus. Ils passent beaucoup de temps ici et ils passent beaucoup de temps avec nous. Mais littéralement, la façon dont ils évoquent cette question, c’est « nous ne voulons pas devenir le Nokia des voitures ».

Il rappelle que Nokia a longtemps été le leader incontesté de la téléphonie mobile, et qu’elle n’utilisait les logiciels qu’à titre accessoire, pour agrémenter ses produits. Mais les gammes de téléphones de Nokia et des firmes comparables ont été balayés par l’iPhone.Selon Andreessen, la même chose pourrait se produire pour les constructeurs traditionnels : de nouveaux acteurs, tels que Tesla, pourraient leur rafler leurs plus grosses parts de marché.

« Ils diraient tous aujourd’hui qu’ils sont les meilleurs pour produire des voitures, et que le logiciel est un composant intégré à la voiture. Mais notre hypothèse, c’est que non, ce qui va se passer, c’est que la valeur va se déplacer sur la couche logicielle. Prendre la voiture sera une expérience totalement définie par le logiciel ».

Le logiciel roiAndreessen est en effet connu pour sa croyance que tous les produits ou services qui peuvent devenir des logiciels deviendront effectivement des logiciels. Les producteurs d’équipements ou d’appareils qui ne fabriquent pas de logiciel pour accompagner leur produit verront leurs parts de profits se réduire de plus en plus, au profit de ceux qui conçoivent ces logiciels. Et bien sûr, il englobe les constructeurs dans ce groupe.Il note que les logiciels occupent une place grandissante dans les autos, et que ceux-ci deviendront de plus en plus prépondérants. « De toute évidence, il y a bien plus de logiciels dans les voitures qu’il y en avait il y a 10 ou 20 ans. Tout le monde le sait. Ce n’est qu’un pas de plus de dire que dans 10 ans, le constructeur gagnant sera celui qui fabriquera le meilleur logiciel ».

Ford

Récemment, le constructeur automobile américain Ford Motor, a annoncé la nomination de Jim Hackett, le responsable de la division des véhicules automoteurs du groupe, au poste de CEO du groupe, pour remplacer Mark Fields. Hackett sera notamment chargé de préparer Ford à la concurrence avec des entreprises comme Uber et Tesla.

Un écosystème numérique connecté

Dans la première partie de leur rapport « Journey to the End of the Oil Age », les analystes de Wolfe Research  anticipent aussi l’importance croissante des logiciels dans les voitures et les données qui en résultent. Ils estiment que cette évolution sera réalisée en 2025 :

« Les constructeurs automobiles … seront, contrairement à aujourd’hui, très motivés pour vendre des voitures électriques, parce que l’écosystème numérique connecté va générer une montagne de données telle qu’elle leur permettra de gagner bien plus d’argent que le prix de vente initial du véhicule lui-même – certains pronostiquent jusqu’à 10 fois ce montant sur la durée du véhicule ».