Comment expliquer le désintérêt des hommes Japonais pour les femmes et le sexe?

Les média japonais évoquent de plus en plus fréquemment des modèles d’hommes japonais efféminés, abandonnant les codes masculins, comme les hikikomori (garçons en retrait de la vie sociale), ou les soshoku danshi (hommes herbivores, des jeunes hommes végétariens, désintéressés par le sexe et la compétition qu’elle soit physique, ou sur le lieu de travail). Cela ne les embarrasse guère : ils ne s’intéressent pas aux femmes.

Dans une étude commandée récemment par le gouvernement, on apprenait le mois dernier que le pourcentage d’hommes non mariés a grimpé de 9,5% par rapport au niveau où il se trouvait 5 ans auparavant. Pire : 61% d’entre eux ont indiqué ne pas avoir de petite amie, et 45% d’entre eux ont même dit qu’ils se fichaient totalement d’en trouver une.

Comment expliquer cette indifférence pour le sexe et les femmes ? Beaucoup d’explications ont été avancées. Selon l’une d’entre elles, les femmes japonaises ont connu une émancipation sur le plan social et économique, qui a coïncidé avec le détournement des hommes vers les mondes virtuels qui se sont développés au même moment. Les hommes se sont repus de ces mondes, et ils les préfèrent aux femmes réelles, comme l’affirmait récemment un homme sur la chaine japonaise 2channel : « Je n’aime pas les femmes réelles. Elles sont trop exigeantes de nos jours. Je préfère avoir une petite amie virtuelle ».

Cet été, le concepteur de jeux Konami a lancé une nouvelle version de son jeu Love Plus pour la console Nintendo DS, appelé « Love Plus + », et à l’occasion du lancement, les joueurs étaient invités à emmener leurs petites amies virtuelles, c’est-à-dire leur console de jeu, dans un véritable complexe de vacances à la plage pour passer un week-end romantique avec elles. Cette offre a connu un succès extraordinaire, au point que les hôteliers locaux ont déclaré qu’ils n’avaient pas aussi bien travaillé depuis des décennies.

L’homme japonais collé sur sa console à la recherche d’une consolation virtuelle n’est pas une nouveauté, et au Japon, on les appelle des otaku. Néanmoins, auparavant c’étaient seulement de très jeunes gens d’une génération particulière. L’expression « hommes herbivores » a été créée en 2006, et de nos jours, ce phénomène est devenu extrêmement courant au Japon.

Dans the Guardian, Roland Kelts rapporte l’analyse que lui a donnée sa voisine de table, une femme âgée d’une quarantaine d’années, séduisante et pourtant célibataire, qui travaille comme journaliste pour l’un des magazines de mode les plus en vogue au Japon,  lors d’un dîner récent à Tokyo : « Peut-être que nous sommes des êtres humains en avance. Peut-être que nous avons appris à nous occuper de nous-mêmes tous seuls. »