Le Huffington Post nous apprend que la société Coca Cola Hellenic (CCH), la plus grosse capitalisation de l’économie grecque, a annoncé jeudi qu’elle avait décidé de délocaliser sa direction en Suisse et qu’elle serait désormais cotée à Londres. Dimitris Lois, son CEO, a indiqué que le comité exécutif du groupe serait désormais basé en Suisse et que Coca Cola Hellenic sera dorénavant « une société multinationale grecque ayant son siège social en Suisse ».
L’impact immédiat en termes économiques sur la Grèce sera limité, puisque les usines du groupe continueront de fonctionner normalement. Mais pour les analystes, cette décision, qui envoie un signal désastreux aux marchés financiers, est clairement une mauvaise nouvelle pour la Grèce frappée par 5 ans de récession. Cette semaine, on a appris que le chômage avait dépassé le quart de la population active en juillet (25,1%), alors qu’il était encore de moins de 18% l’année dernière. Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a indiqué qu’il était nécessaire d’accorder un délai supplémentaire de 2 ans à la Grèce pour lui permettre de satisfaire les conditions qui lui ont été dictées par la Troïka du FMI, de l’UE et de la BCE.
CCH représente 22% de la capitalisation de la bourse d’Athènes, et les commissions de courtage liées aux transactions sur ses actions ont représenté 8% du chiffre d’affaires des courtiers de la bourse d’Athènes cette année. Et comme le nombre des transactions a chuté de moitié par rapport à l’année dernière, ce n’est pas anodin.
Le groupe a indiqué que sa décision avait été motivée par la crainte que la situation actuelle en Grèce n’affecte son activité dans le monde, et qu’il était difficile pour ses actionnaires étrangers, qui représentent de ne pas associer le mot « Hellenic » de son nom avec les problèmes du pays. CCH embouteille du Coca-cola et d’autres boissons dans 28 pays de la Russie au Nigeria, et elle est détenue à hauteur de 23% par Coca-Cola Co. Elle emploie 41.000 personnes et 95% de ses autres actionnaires et activités sont situés hors de la Grèce.
C’est la seconde annonce de délocalisation importante ce mois-ci, puisque le groupe laitier grec FAGE a indiqué qu’il transférait sa direction au Luxembourg pour des raisons fiscales.
Les syndicats grecs sont furieux et appellent les Grecs à boycotter les produits du groupe : « CCH et FAGE spéculent au pire moment pour l’économie grecque et le peuple grec. Les consommateurs devraient utiliser leur pouvoir pour punir ces sociétés », a déclaré Stathis Anestis, porte-parole du plus gros syndicat ouvrier grec, GSEE.