Le magazine The Economist publie chaque année un numéro spécial dans lequel il prédit à quoi le monde ressemblera l’année suivante. Mais cette année, il ne le fera pas. La journaliste britannique Zanny Minton Beddoes (notre photo) est la première femme rédacteur en chef du magazine économique libéral. Elle prédit que 3 changements majeurs en 2018 vont faire pencher la balance en faveur des États-nations, au détriment des marchés.
Le magazine The Economist publie chaque année un numéro spécial dans lequel il prédit à quoi le monde ressemblera l’année suivante. Mais cette année, il ne le fera pas. La journaliste britannique Zanny Minton Beddoes (notre photo) est la première femme rédacteur en chef du magazine économique libéral. Elle prédit que 3 changements majeurs en 2018 vont faire pencher la balance en faveur des États-nations, au détriment des marchés.
1. La politique s’oppose aux géants de la technologie
« Dans le monde riche, les politiciens vont s’attaquer aux géants de la technologie–Facebook, Google et Amazon en particulier – en leur infligeant des amendes, en durcissant la réglementation et l’interprétation des règles de la concurrence. Cela fera du XXIe siècle un équivalent de l’ère antitrust, et les géants des Tech seront décriés comme des quasi-monopolistes malveillants dont le comportement affaiblit la démocratie, supprime la concurrence et détruit les emplois. Il y aura même un débat pour les démanteler ». Selon Minton Beddoes, l’UE a déjà ouvert les hostilités, mais c’est surtout aux États-Unis que la réaction de rejet contre les Tech produira l’impact le plus important.
2. Le Macronisme en marche
« La seconde force de changement sera Monsieur Macron, qui, en dépit de ses débuts progressifs, émergera comme un équivalent des temps modernes de Teddy Roosevelt, le président américain le plus associé avec l’ère progressive. Il existe de fortes similitudes entre les 2 hommes : les 2 enveloppent un ordre du jour réformiste dans une rhétorique de renouveau national et de grandeur. Comme Roosevelt, Monsieur Macron promeut une nouvelle sorte de contrat social, capable de stimuler la concurrence et l’entreprenariat, tout en protégeant les travailleurs exclus des bénéfices de ces mesures. »
3. Un changement d’attitude à l’égard de la Chine
« La 3e force sera un changement d’attitude à l’égard de la Chine, la puissance émergente du XXIe siècle. De même que la peur d’une Allemagne émergente a façonné la politique européenne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, les inquiétudes suscitées par la montée en puissance de la Chine, et ses intentions, forment l’arrière-plan d’aujourd’hui. »
Conclusion :
« Pris ensemble, le rejet des Tech, le macronisme, et une plus grande suspicion à l’égard de la Chine pointent vers un déplacement décisif dans l’équilibre occidental entre l’État et le marché. On ne sait pas exactement à quoi cela aboutira. Au pire, ce sera un retour vers une sorte de capitalisme plus réglementé, plus défensif et plus protectionniste. Mais avec de la chance, le nouvel équilibre sera marqué par un soutien plus large à la concurrence comme meilleur moyen pour contrer le pouvoir des élites enracinées, et pour déclencher une nouvelle réflexion créative concernant le rôle de l’État dans la protection de l’individu. Cela en ferait une ère progressive dont on pourrait être fier ».