C’est quoi ‘l’immunité collective’, la stratégie évoquée au Royaume-Uni ?

Le Royaume-Uni et son Premier ministre font face à de nombreuses critiques. Au centre des débats, la stratégie passive mise en place par Boris Johnson à ce jour. L’idée d’une ‘immunité collective’ a même été évoquée et étudiée. Un pari risqué.

L’idée apparaît vendredi dernier dans la bouche de Patrick Vallance, conseiller scientifique du gouvernement britannique. Il expliquait à la BBC que miser sur une ‘immunité’ collective au niveau mondial serait sans doute plus efficace. Son point de vue ? ‘Si vous supprimez quelque chose de très, très, dur, une fois que vous abandonnez les mesures prises, il va réapparaître, et rebondir au mauvais moment.’

Le scientifique pense que le plus efficace est de se confronter au virus. Pour que notre corps, à large échelle, s’y habitue. Comme pour les grippes saisonnières. ‘Notre objectif est d’essayer de réduire le pic, de l’étaler, de ne pas le supprimer complètement’, poursuit-il.

Jusqu’à 70% de la population mondiale

Cette stratégie est le fruit de prédictions alarmantes. D’ici un an, des scientifiques britanniques pensent qu’entre 40 et 70% de la population mondiale sera touchée par le virus. Angela Merkel a elle aussi évoqué le chiffre de 60 à 70% la semaine dernière. Même son de cloche chez le ministre de l’Éducation nationale qui donnait les chiffres de 50 à 70%, sur le long terme.

Dans ces conditions, ces scientifiques pensent qu’il est préférable que la population s’y confronte.

Mais le souci, c’est bien sûr cette histoire de pic. De nombreux hôpitaux à travers l’Europe craignent des pénuries de lits, mais aussi de personnel. Sans oublier le manque de masques. En Belgique, par exemple, l’Université Libre de Bruxelles fait appel à des étudiants en médecine pour aider leurs aînés.

Margaret Harres, fonctionnaires britannique à l’OMC, sur BBC Radio 4, estime qu’il s’agit d’un pari risqué, ‘car on ne connait pas encore tous les ressorts du Covid-19’.

Johnson, remis à sa place

Mais contrairement à ce qui est évoqué, ici et là, le Royaume-Uni n’applique pas une stratégie d’immunité collective sur son territoire. Le ministre de la Santé Matt Hancock l’a rappelé dimanche: ‘Les mesures que nous prenons, les mesures que nous envisageons de prendre, sont très importantes et elles perturberont la vie ordinaire de presque tout le monde dans le pays afin de lutter contre ce virus.’

Voilà qui devrait rassurer quelque peu les Britanniques à qui Boris Johnson avait annoncé de se préparer à la mort de certains de leurs proches. L’immunité collective avait été envisagée par le Premier ministre, mais une pression de 200 médecins et scientifiques qui a pris la forme d’une lettre ouverte a donné le coup de grâce à cette stratégie.

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