Plus de 700 dauphins se sont échoués dans le golfe du Mexique dans les deux années qui ont fait suite à l’explosion survenue sur la plateforme Deepwater Horizon de BP, qui a déclenché une marée noire et un désastre écologique. Ces dauphins, qui ont été conservés dans des laboratoires aux Etas Unis, sont devenus un élément crucial du calcul de l’indemnisation que BP devra payer pour restaurer la faune, la flore et l’environnement détruits par la catastrophe.
L’enquête sur le coût véritable de la marée noire est maintenant en cours. Des équipes entières composées d’avocats, de scientifiques de BP et du gouvernement des États-Unis tentent de trouver une réponse à la question suivante : quelle est la valeur d’un dauphin, et combien sont morts en conséquence directe de la catastrophe ? « Il est très difficile de mettre un prix sur des dégâts commis sur l’environnement. Quelle valeur en dollar peut on attribuer à un marais détruit, ou la perte de nurseries pour poissons ? Il y a tellement de dégâts dont nous ne sommes pas conscients dans le Golfe du Mexique, et que nous ne connaitrons pas avant des années qui rendent impossible la fixation d’une évaluation précise des dommages à la nature », a expliqué David Uhlmann, professeur de droit à l’Université du Michigan et ancien chef du Département de l’Environnement au ministère de la Justice, au Guardian. « La meilleure chose que le gouvernement puisse faire, c’est de négocier une somme qui soit assez importante pour couvrir l’ensemble des coûts de restauration ».
Ce travail devrait prendre encore une année, compte tenu de l’échelle gigantesque et de la méconnaissance des conséquences que la catastrophe pourrait avoir sur le long terme. Il faudra donc attendre au moins jusqu’en 2013 avant d’obtenir un accord final. Les scientifiques doivent évaluer l’ensemble des espèces qui ont été affectées par la catastrophe, pas seulement des animaux aussi charismatiques que les dauphins, mais aussi des créatures minuscules, comme le zooplancton, ou d’autres mammifères, comme les lamantins.
Néanmoins, le défi le plus important reste celui du calcul des dauphins tués lors de ce désastre, et il se pourrait qu’ils soient la clé de cette négociation. Personne ne sait exactement combien il y avait de dauphins dans le Golfe du Mexique avant la fuite de pétrole, ou combien de dauphins sont morts, sans que l’on en retrouve les restes. Les biologistes ne sont pas d’accord : certains affirment qu’il devrait y avoir 10 dauphins morts pour chaque carcasse trouvée, mais ce chiffre pourrait être 250 supérieur, selon une étude récente. Se pose aussi la question du lien de causalité entre le déversement de pétrole et la mort d’une partie de ces dauphins. Bien avant la fuite de pétrole, une hausse de la mortalité des dauphins avait été constatée, et selon certains scientifiques, elle pourrait être liée à une forme de rougeole, ou être aussi imputable à un courant d’eau froide provenant du Mississipi après une fonte des neiges exceptionnelle.
BP a plutôt bien coopéré avec le gouvernement américain pour effectuer cette évaluation. La société a déjà payé 10,6 milliards d’euros de frais de nettoyage, et a déjà prévu 750 millions d’euros pour des projets de restauration et 375 millions d’euros qui seront affectés à la recherche environnementale. Grâce à cette bonne volonté, il est probable que la compagnie pétrolière pourra trouver un accord avec les autorités fédérales américaines sans que cela passe par un procès. Des deux côtés, on espère qu’un arrangement définitif pourrait intervenir courant 2013. Cependant, certains militants d’organisations craignent que cet accord soit conclu trop prématurément pour inclure l’impact réel encore inconnu de la catastrophe.