Catalogne : 7 raisons pour lesquelles la lutte pour l’indépendance est vouée à l’échec

Lorsque l’on examine le passé, on constate que de nombreux mouvements se sont battus pour l’indépendance. Certains sont parvenus à cet objectif, d’autres pas. La fondation néerlandaise Gefira, une société de recherche spécialisée dans les questions politiques, démographiques et sociales et qui se concentre sur les investisseurs, a passé le mouvement indépendantiste catalan au microscope.

Un certain nombre de raisons expliquent pourquoi le mouvement indépendantiste de la Catalogne peut être décrit comme une tempête dans un verre d’eau.

Les Catalans veulent l’indépendance de Madrid pour livrer immédiatement cette dépendance à Bruxelles. Après le vote pour le Brexit, l’UE semble déterminée à faire campagne pour un projet fédéraliste européen, à commencer par la création d’un ministre des Finances de la zone euro, qui recevrait déjà le soutien de la France de l’Allemagne. Les Catalans n’apprécient pas de devoir effectuer des transferts vers le reste de l’Espagne. Si Macron parvient à mener à bien son projet, leur argent finirait en Grèce et en Italie. Est-ce qu’ils trouveraient cela mieux ? Ils auraient ainsi échappé à la centralisation espagnole pour finir contraints d’adopter la centralisation européenne.

Parce qu’habituellement, elle les perd, et qu’il n’y a alors pas d’autre choix que de tenir de nouveaux référendums, jusqu’à ce que l’on atteigne finalement le résultat souhaité pour l’UE. C’est ce qui est arrivé en France et aux Pays-Bas.

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3. Une Catalogne indépendante signerait la fin du projet européen

L’UE se sent menacée par la lutte pour l’indépendance catalane, comme par toute forme de séparatisme. Si l’UE appuie cette motion ou soutient l’idée que les gens vont mieux quand ils se gouvernent eux-mêmes, son appel supranational pour une intégration européenne s’effondre comme un château de cartes.

S’il y avait un moment pour déclarer l’indépendance, c’était juste après le référendum, quelque soit la validité et la crédibilité démocratique de son contenu. Et qu’a fait Puigdemont ? Il a hésité, a appelé à l’indépendance, puis l’a suspendue immédiatement. Tout le monde est resté en pleine confusion. Quand Puigdemont a finalement fait ce qu’il avait à faire, l’élan avait disparu.

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Le second amendement de la Constitution des États-Unis se lit comme suit :

« Une milice bien organisée étant nécessaire à la sécurité d’un État libre, le droit qu’a le peuple de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé. »

Souvent, on considère cet amendement comme une relique du passé. Mais quiconque veut imposer l’indépendance ferait mieux de compter sur les armes. Ce n’est pas pour rien que « le Jour de la Bastille », comme les Anglo-saxons surnomment la journée du 14 juillet en France (qui est aussi le jour de la fête nationale), est toujours le symbole de la révolution française. La Bastille était non seulement une forteresse, mais c’était aussi le lieu où les révolutionnaires cachaient leurs armes. C’est la menace de violence, et non la déclaration unilatérale d’indépendance de la Crimée, qui en a fait de facto une partie de la Russie aujourd’hui.

Les Catalans ne disposent pas de leur propre armée. Ils peuvent bien compter sur la police locale Mossos d’Esquadra, mais sous la supervision de Madrid, qui a repris sans combat le contrôle de la Catalogne le dernier samedi du mois d’octobre.

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Examinons le passé récent. Lorsque la Slovénie, la Bosnie, la Croatie, le Kosovo et le Monténégro se sont séparés de la Yougoslavie dominée par la Serbie, ils ont été soutenus par les États-Unis. La Russie a soutenu la Crimée lors de sa séparation d’avec l’Ukraine, et les Américains soutiennent les indépendantistes kurdes en Syrie.

Personne n’a soutenu la Catalogne et jusqu’à présent personne n’a reconnu l’indépendance unilatéralement déclarée. Le soutien étranger provient généralement des puissances étrangères qui ont tout intérêt à déstabiliser le pays confronté au séparatisme. Personne ne semble vouloir déstabiliser l’Espagne.

Comme en Ukraine, c’est souvent cette puissance étrangère qui fournit les armes nécessaires pour renverser les « occupants ». Si une guerre civile devait éclater en Catalogne, il existerait alors une probabilité qu’un pays étranger fournisse des armes aux Catalans. Mais actuellement, celle-ci semble être négligeable. Les catalans ont tout misé sur l’UE, mais ce pari se solde par une erreur.

7. Les « Millennials » ne savent pas ce qu’est la guerre

Les foules arborant des drapeaux ondulants, comme on le voit souvent en Catalogne, sont source d’inspiration. Mais ce ne sont pas ces masses qui vous rendent indépendant. Une déclaration unilatérale d’indépendance non plus. Une condition sine qua non pour un État qui recherche sa souveraineté est la capacité à surveiller son territoire et le défendre. Mais la Catalogne n’est pas en mesure de le faire. Lorsque l’on examinait les masses qui ont défilé dans les rues catalanes, on pouvait y voir un grand nombre de jeunes. Mais aucun d’entre eux n’a fait le service militaire, un phénomène typiquement ouest-européen. Dans la plupart des pays d’Europe occidentale, le service militaire a été aboli il y a des décennies. La dernière génération européenne qui a combattu une guerre – la Seconde Guerre mondiale – est à quelques exceptions près disparue, ou en voie de l’être. Les nouvelles générations ne savent pas se battre.

« Dégagez quand je commencerai à faire la révolution, sinon, je vous insulterai. Sur Twitter. Ou alors, je ferai une vidéo sur YouTube et je la partagerai avec mes amis sur Facebook ».

Nous n’encourageons pas la violence, mais pendant que les Kurdes combattaient l’État islamique avec des mitrailleuses AK-47 en Syrie, les Catalans organisaient leur révolution avec des iPhones. Les Kurdes luttent pour l’indépendance, les Catalans semblent être les invités d’un concert pop.

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Conclusion : Personne ne lèvera le petit doigt pour soutenir la Catalogne. Même les Catalans ne feront rien. Ils ne semblent clairement pas prêts pour commencer une guerre civile et accepter les pertes qui en découleraient comme prix à payer pour leur indépendance. Pourtant, c’est ainsi que les révolutions se gagnent.