Le gouvernement régional catalan organisera le 1er octobre prochain un référendum au cours duquel la population sera invitée à se prononcer sur une potentielle indépendance de la région. Beaucoup d’incertitudes perdurent au sujet de ce référendum. Les Catalans cachent leur jeu ; Madrid a rapporté plus tôt que « la Guardia Civil serait déployée à la fois sur terre, sur mer et en l’air le cas échéant, pour défendre la démocratie et la Constitution, mais aussi l’intégrité et la souveraineté de l’Espagne. »
La banque néerlandaise ING a publié aujourd’hui une étude qui examine les conséquences pour l’économie d’un possible Catalexit. Un processus qui, selon la banque, « pourrait être possiblement plus complexe que Brexit ».
Le Catalexit et l’UE
Si la Catalogne se sépare de l’Espagne et – comme cela l’a été promis par les membres du gouvernement Puigdemont – proclame l’indépendance dans les 48 heures , selon ING cela produira « une longue période d’incertitude » qui affectera surtout le monde des affaires catalan.
Si la Catalogne se déclare indépendante de Madrid, une résolution du Comité européen des régions – l’assemblée des représentants locaux et régionaux de l’Union européenne – stipulera automatiquement son exclusion de l’Union européenne. La République de Catalogne devrait à nouveau soumettre sa candidature pour rejoindre l’UE – un processus qui pourrait prendre jusqu’à 10 ans – et cette adhésion devra être approuvée à l’unanimité par les 27 autres membres de l’UE, …y compris l’Espagne.
Il n’est pas non plus indifférent que cette adhésion pourrait déclencher une chaîne de référendums d’indépendance dans d’autres pays.
65% des exportations catalanes sont destinées à l’UE
Ensuite, il y a l’économie. 65% de tout ce que produit la Catalogne sont destinés à d’autres pays de l’UE. En 2016, la Catalogne a plus exporté au Portugal que les Etats-Unis, la Chine et le Japon… combinés. Dans l’hypothèse où la Catalogne ne ferait plus partie de l’UE dans un premier temps, ses exportations à destination de la zone seraient passibles de droits de douane et elles subiraient des contrôles administratifs. Une conséquence directe de cette situation incertaine : moins de revenus, moins d’investissements et moins d’emplois.
Quelle serait la monnaie utilisée par la République de la Catalogne?
En plus d’une série d’autres incertitudes, il y a aussi la question de la monnaie : quelle monnaie serait utilisée par la République de Catalogne ?
Il y a deux possibilités :
-> Soit la banque centrale catalane crée sa propre monnaie, laquelle, étant donné l’endettement élevé de l’Etat (120% du PIB), ne bénéficierait que d’une très faible crédibilité sur les marchés financiers. (Les obligations catalanes sont classées comme « junk » (« obligations pourries ») par les trois grandes agences de notation Fitch, Moody et Standard & Poor. La Catalogne est donc aussi peu solvable que des pays comme le Kenya et le Nigeria les trois agences lui ont également attribué une perspective négative). Par conséquent, sa monnaie serait menacée de dévaluation, ce qui conduirait à une forte inflation et à la baisse du pouvoir d’achat.
Le monde des affaires sera confronté à une faible monnaie qui aura certes un effet positif sur les exportations, mais qui surenchérira tout ce qui devra être importé en Catalogne. (C’est exactement ce qui s’est produit au Royaume-Uni après le Brexit. Comme bon nombre des produits fabriqués au Royaume-Uni contiennent des composants étrangers, l’effet positif de la dévaluation de la livre sterling a été compensé par les importations coûteuses de composants).
-> Une deuxième possibilité est que la Catalogne renonce à son indépendance monétaire – comme le Monténégro l’a fait – et qu’elle se maintienne dans l’euro. Si l’une des banques catalanes se trouvait en difficulté, la république ne pourrait pas compter sur la BCE pour intervenir. La question qui se pose également est celle de la valeur des obligations du gouvernement catalan qui auraient été données en garantie.
Conclusion
Selon Geoffrey Minne d’ING, le coût économique d’un Catalexit dépasse celui du Brexit pour le Royaume-Uni :
«Proclamer une République de Catalogne est un projet coûteux. Le contrôle de ces coûts dépend de la bonne volonté des gouvernements européens, y compris celui de l’Espagne. Il est difficile d’évaluer les conséquences d’une telle séparation, car il n’y a pas de précédent. Néanmoins, nous pensons que, à long terme, le coût économique pour la Catalogne serait proportionnellement supérieur à celui du Brexit pour le Royaume-Uni ».