BCE : 1 000 milliards d’euros… Et pour quel résultat ?

La Banque centrale européenne (BCE) vient de passer le jalon des 1000 milliards d’euros, dans le cadre du programme d’assouplissement quantitatif qui a été lancé en mars 2015 pour relancer la croissance.

L’assouplissement quantitatif, ou « quantitative easing » (QE), consiste à acheter à grande échelle des bons du Trésor détenus par des banques, afin de donner une nouvelle source de liquidités à ces dernières, pour leur faciliter l’octroi de crédit. En clair, comme la BCE donne de l’argent aux banques en échange de ces titres, celles-ci disposent de plus de fonds pour accorder des prêts aux entreprises et aux ménages, et contribuer ainsi à la relance de la consommation et des investissements. De cette manière, les banques centrales espèrent déclencher la reprise économique.

Malheureusement, en dépit de ces efforts, il n’est pas vraiment possible de parler de relance économique. Comme le montre le graphique ci-dessous, contrairement au total de bilan de la BCE (ligne verte), l’économie n’a crû qu’à un rythme marginal (la ligne bleue montre l’accroissement des commandes de l’industrie européenne), et l’inflation reste reste bien au-dessous des 2 % qui correspondent à l’objectif de la BCE (ligne rouge).

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Les banquiers centraux sont d’une certaine manière incapables d’orienter les liquidités qu’ils génèrent de telle sorte qu’elles soient utilisées pour stimuler l’industrie et la production.

Les consommateurs n’ont clairement aucune confiance en l’avenir, et préfèrent conserver leur argent en banque.

Les entreprises font aussi face à l’avenir avec peu d’enthousiasme ; si les consommateurs n’achètent pas leurs produits, elles ne doivent pas investir dans des stocks ou de l’innovation. Comme Dirk Bauwens l’a écrit récemment, “De nos jours, l’emprunt est principalement utilisé à des fins financières (ingénierie financière) comme le rachat d’actions propres et le rachat – ou la fusion avec – d’autres sociétés. L’emprunt des chefs d’entreprise à des fins productives s’érode. Ce qui nuit ainsi à la croissance économique, à l’emploi et à la création de nouveaux produits”.

La trappe à liquidité

En d’autres mots, la BCE donne donc de l’argent gratuitement aux banques, mais personne n’en veut. La zone euro est tombée dans ce que l’on appelle une “trappe à liquidité” (‘Liquidity trap’), ce qui implique que plus rien ne bouge, en dépit des vastes sommes d’argent injectées dans l’économie, et des faibles taux d’intérêt directeurs.

En outre, les banques centrales sont confrontées à une nouvelle difficulté : elles ont acheté tant de bons du Trésor, et baissé si fortement les taux d’intérêt, qu’elles ont tari ce marché, et ne parviennent plus à s’en procurer…

Est ce que la BCE peut intervenir directement sur les marchés d’actions ?

Ce qui se passera par la suite sera peut-être clarifié jeudi, lors de la réunion des gouverneurs de la BCE. Il est prévu que la BCE annonce qu’elle prolongera son programme d’assouplissement quantitatif de six mois, jusqu’en septembre 2017.

Selon le Wall Street Journal, la banque pourrait même décider d’intervenir directement sur les marchés d’actions. En théorie, une telle initiative aurait pour effet d’induire une hausse du cours des actions, les gens gagneront donc plus d’argent, et on espère qu’ils le dépenseront.

Des économistes redoutent que les investisseurs, qui recherchent toujours plus de rentabilité, se ruent sur des secteurs sensibles au niveau des taux d’intérêt, tel que l’immobilier, et qu’ils en fassent monter les cours, générant ainsi une nouvelle bulle. En effet, en achetant uniquement des obligations, les banques centrales ont fait monter les cours de ces dernières, et créé une bulle, ce qui a forcé les investisseurs à rechercher des actifs offrant un meilleur rapport coût/rendement.

Sur le graphique ci-dessous, on voit ainsi comment la politique de taux d’intérêt zéro de la banque centrale américaine (ligne rouge), a alimenté la hausse des prix de l’immobilier aux États-Unis (ligne bleue).

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