Cette batterie est alimentée… avec du CO2

Le taux du dioxyde de carbone dans l’atmosphère ne cesse d’augmenter depuis la révolution industrielle, pour dépasser récemment le taux de 400 ppm : nous sommes maintenant à 415 parts par million en mai 2019 contre 280 ppm au début du 19ème siècle. C’est un nouveau record… Les millions de tonnes de CO relâchées par les activités humaines s’accumulent dans l’atmosphère, et en conséquence les températures augmentent et le climat se dérègle. Comme le CO2 est le principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique, un défi majeur est de réduire ses émissions.

Ainsi, depuis des années, les scientifiques développent de nouvelles techniques pour capturer et séquestrer le dioxyde de carbone, afin de le stocker sous terre ou même dans les océans. Le problème avec cette technologie, connue sous l’acronyme anglais CCS (Carbon Capture and Storage), est qu’elle nécessite beaucoup d’énergie. De plus, le CO2 est le plus souvent stocké sous forme solide mais sans être réutilisé, le but étant simplement de le tenir à l’écart de l’atmosphère.

Convertir le  CO2 en énergie

Une alternative préférable serait de convertir le CO2 en autre chose, quelque chose qui pourrait être utilisé par exemple comme source d’énergie. Une équipe du MIT dirigée par l’ingénieur en mécanique Betar Gallant a mis au point un système de batterie au lithium qui capte le dioxyde de carbone directement à l’intérieur des centrales électriques pour l’utiliser pour le fonctionnement de batteries au lithium.

Cette technologie n’est pas prête pour l’instant à une utilisation commerciale, mais les expériences montrent que cette méthode est compétitive par rapport à d’autres méthodes de batteries au lithium-dioxyde de carbone, même si elle peut encore être améliorée.

Des années de développement en perspective

En effet, la durée de vie de ces batteries ne dépasse pas pour l’instant les 10 cycles de chargement-déchargement, ce qui est peu. Pour trouver des applications intéressantes à ce système de batterie, leur durée de vie va devoir être considérablement augmentée. Enfin, les chercheurs reconnaissent dans leur article publié dans la revue Joule qu’il faudra peut-être des années avant que cette technologie ne puisse être utilisée pour alimenter en énergie des dispositifs communs.

Cependant, chaque obstacle résolu est un pas accompli en direction de cet objectif, tout en participant à résoudre un problème environnemental majeur. « Les piles au lithium-dioxyde de carbone ne seront pas prêtes avant des années » expliquait Betar Gallant pour MIT News, mais la transformation et l’utilisation du CO2 dans un dispositif de batterie sont déjà « une façon de le séquestrer et d’en faire quelque chose d’utile ».