Barcelone est la nouvelle Venise: une ville dont l’âme est détruite par le tourisme de masse…

Barcelone est la destination la plus courue en Espagne, mais ses habitants commencent à se plaindre des inconvénients liés à ce succès.

Depuis que la ville a hébergé les Jeux Olympiques de 1992, sa popularité comme destination touristique n’a fait que croître. Son climat doux, la côte splendide sur laquelle elle est située, son architecture étonnante, et l’animation de sa vie culturelle ont fait le reste. En 1990, Barcelone avait accueilli 1,7 millions de touristes ; en 2000, ce chiffre était monté à 3,1 millions, et l’année dernière, la ville a reçu 7,5 millions de visiteurs. Elle est souvent citée comme l’un des endroits de la planète où chacun se doit d’être allé.

Mais beaucoup commencent à penser que Barcelone pourrait être victime de son succès, à l’instar de Venise : une ville tellement touristique, qu’elle pourrait y perdre son âme.

Les Barcelonais commencent à manifester des signes de lassitude et récemment, les résidents du quartier de la Barceloneta sont descendus dans les rues pour se plaindre des ravages du tourisme « low-cost ».

« Les gens ont toujours bien accueilli les immigrés et les visiteurs, mais les touristes qui viennent ici maintenant crient à toute heure du jour et de la nuit, et ils jettent des ordures par les fenêtres. Ils n’ont aucun respect », a expliqué Vicenç Forner, un habitant de la ville, au journal The Local.

Il explique que des investisseurs étrangers ont acheté des immeubles entiers et qu’ils en ont chassé les résidents, dont beaucoup étaient des personnes âgées, pour proposer les appartements à la location pour les touristes. Le site de location de chambres et d’appartements AirBnB propose 477 appartements sur Barcelone, 7 fois plus que le nombre officiellement enregistré auprès de l’hôtel de ville. La municipalité de Barcelone a pris des mesures pour identifier les locations d’appartements illégales. « Deux ou 3 personnes louent ces appartements, puis 25 à 30 personnes arrivent pour participer à une fête qui se poursuivra tout au long de la nuit. Les propriétaires n’ont plus aucun contrôle. Et les touristes eux-mêmes, qui ne sont là que pour 4 jours, se fichent totalement de la ville », poursuit Forner.

La municipalité tend à négliger ces nuisances en raison des recettes liées au tourisme, mais Forner pense que le quartier de Barceloneta risque d’être déserté par ses habitants dans les 5 prochaines années si rien n’est fait, comme l’a été le quartier Gothique, où plus personne n’habite.

Il prône un tourisme de qualité pour la ville : « C’est formidable d’avoir des hôtels et des bons restaurants, mais les gens qui dorment sur la plage n’aident personne », dit-il. il estime que la ville devrait s’adapter à cette vague touristique et améliorer ses équipements en conséquence.

Joan Callís, qui dirige l’agence de voyages Barcelona Guide Bureau, convient qu’effectivement, la ville, et notamment ses quartiers les plus populaires comme ceux du Boulevard de Las Ramblas et de l’Eglise de la Sagrada, est parfois victime des excès du tourisme.

Barcelone n’a accueilli que la moitié du nombre de touristes qui se sont rendus à Londres l’année dernière, mais elle est 15 fois moins vaste que la capitale britannique. Du coup, il est difficile de ne pas ressentir une impression de surpopulation, d’autant que les vacanciers des stations balnéaires environnantes, et les plaisanciers qui arrivent en yacht, viennent gonfler les rangs des touristes qui séjournent dans la capitale catalane. Mais Callís estime que l’essor touristique a été graduel, et que l’on ne peut pas dire que la ville ait trop de touristes. Il pointe vers les nombreux avantages apportés par le tourisme, et l’éventail des activités qui bénéficient de ses retombées.