Alors que le marché des NFT a établi des records en ce début d’année, le mois de mars marque un fameux coup d’arrêt. L’incertitude qui plane au-dessus de la guerre en Ukraine et de la montée des taux d’intérêt font du tort aux oeuvres numériques.
Les réussites ou les contretemps des actifs numériques sont toujours difficiles à interpréter. La prudence est donc de rigueur, mais ne doit pas nous écarter de la réalité des chiffres. Le total des transactions NFT pour ce mois de mars est au plus bas depuis le mois de juillet 2021, le plus gros contretemps du marché des NFT. Soit une baisse de 49 à 54% par rapport aux moyennes hebdomadaires des mois de janvier et février 2022, selon les données de la société d’analyse blockchain Chainalysis.
Depuis le pic du marché le 31 janvier, plus de la moitié des acheteurs et des vendeurs actifs ont quitté le marché, selon l’agrégateur de données NFT, Nonfungible. Alors qu’il y avait 21 296 vendeurs NFT à la fin du premier mois de 2022, il n’en reste plus que 7 210. L’absence d’acheteurs est encore pire, passant de 28 207 à 7 894.
Que se passe-t-il ?
Comme tous les marchés, les NFT font face à une double incertitude: l’inflation et les réponses des banques centrales, et bien sûr la crise ukrainienne. Les acheteurs sont plus timides, et les vendeurs préfèrent capitaliser sur leur investissement. « J’imagine que beaucoup de gens se sont lancés dans l’aventure après les fortes hausses de prix de l’année dernière et n’ont peut-être pas réalisé les bénéfices escomptés », a déclaré à Yahoo Finance John Thetford, un investisseur de 31 ans qui s’est lancé dans les NFT l’année dernière.
Ce sentiment est confirmé par Pedro Herrara, analyste principal en blockchain chez DappRadar: « Nous pourrions attribuer les baisses aux personnes qui cherchent à capitaliser sur les gains NFT pendant ces temps incertains. »
Une autre raison est le déplacement des avoirs des investisseurs vers des actifs numériques plus « sûrs » comme les cryptomonnaies ou les stablecoins, qui ont le vent en poupe ces dernières semaines. Les deux principales cryptomonnaies – bitcoin et ethereum – sont toutes deux en hausse de près de 15% sur les 7 derniers jours, selon les données de Coinmarketcap.
Les cryptos de nouveau au top
Les sanctions américaines et européennes en dollar et en euro poussent la Russie à chercher des alternatives. La Russie s’est même dite prête à accepter des cryptomonnaies contre ses matières premières, ce qui serait un fameux tournant pour les devises numériques décentralisées, même si son présumé créateur – Satoshi Nakamoto – imaginait sans doute que ce changement de paradigme proviendrait plutôt de l’Occident.
Au-delà des sanctions russes, la place dominante du « roi dollar » est de plus en plus remise en cause. 1 pays sur 10 dans le monde est touché d’une manière ou d’une autre par des sanctions américaines. Beaucoup d’entre eux tentent de trouver des alternatives. Et le yuan chinois aimerait bien sûr se faire une place au soleil dans ce contexte.
Cette incertitude ne profite pas pour le moment aux NFT. Mais les mois de janvier et février 2022 ont été si impressionnants que les chiffres du mois de mars pourraient être suffisants sur le reste de l’année pour atteindre le nombre de transactions de 2021. Les objets de collection numériques, en particulier les NFT à photo de profil, sont ceux qui résistent le mieux.
« Tous les NFT ne sont pas égaux et ne réussiront pas », a déclaré Herrara de DappRadar. « Il ne suffit plus de lancer un projet d’avatar visuellement attrayant à 10 000 dollars. Les équipes doivent développer des feuilles de route complètes et intégrer l’utilité à chaque étape d’un projet. »
Les défenseurs des NFT y croient encore et sont pas particulièrement inquiets: « Les marchés haussiers passés ont donné à la communauté la possibilité de se concentrer et de construire sans frénésie », a déclaré Jason Bailey, un créateur et collectionneur de NFT de longue date, à Yahoo Finance. Je dirais que le marché a progressé trop vite l’année dernière et qu’un repli pourrait être utile pour la santé à long terme du marché. »