Arrêt du gaz russe: une facture salée pour l’Allemagne, avec 220 milliards d’euros de pertes et une douloureuse récession

L’Allemagne est très dépendante du gaz russe, et son arrêt total et immédiat serait un cataclysme pour son économie.

« Qu’est-ce qu’il se passait si Poutine fermait les robinets du gaz? » ou si l’Europe coupait elle-même les importations sont des questions qui interpellent les esprits et les marchés depuis quelque temps déjà, et encore plus depuis le début de la guerre. Différents scénarios sont imaginés, et désormais des chiffres sont également estimés : l’Allemagne devrait s’attendre à une perte de 220 milliards d’euros sur les deux années à venir.

C’est ce qu’a calculé un ensemble de cinq instituts économiques allemands, cité par CNN Business. En 2022 le PIB croîtrait d’1,9%, au lieu des 2,7% de croissance estimés sans la disparition du gaz russe. En 2023, une douloureuse récession s’abattrait cependant sur la première puissance économique de la zone euro : sa croissance baisserait de 2,2%.

C’est que parmi les pays européens, l’Allemagne est particulièrement dépendante du gaz russe, qui représente entre 40 et 50% de ses approvisionnements. Elle en a besoin pour se chauffer, mais également pour ses centrales à gaz, stratégie de sortie du nucléaire et du charbon (deux ressources qui lui viennent aussi en grande partie de Russie).

L’Allemagne est très frileuse concernant un embargo

Pour ces raisons, l’Allemagne n’est pas convaincue qu’un embargo serait une bonne solution, ou pas tout de suite. « La question est de savoir à quel moment nous faisons plus de mal à Poutine qu’à nous-mêmes », s’est interrogé le ministre des Finances Christian Lindner, dans le journal Die Zeit. « Si je pouvais suivre mon cœur, il y aurait un embargo immédiat sur tout. Cependant, il est peu probable que cela arrête la machine de guerre à court terme ».

Le BDEW, association représentant le secteur de l’énergie, demande aux politiques d’agir avec précaution et sans se précipiter. « Après tout, la coupure du gaz russe n’est rien d’autre que la transformation de l’ensemble de l’industrie allemande », analyse la présidente Marie-Luise Wolff. L’association s’est tout de même dite prête à élaborer un plan pour sortir rapidement du gaz russe.

A termes, l’Europe veut bel et bien se débarrasser du gaz russe. Les pays baltes ont déjà coupé tous les approvisionnements, mais leur situation est différente. Pour la fin 2022, l’Europe veut avoir réduit les importations de gaz russe de deux tiers. Mais il n’est pas à exclure que suivant l’évolution de la guerre, des sanctions plus drastiques, comme l’embargo total sur le gaz russe (qui remplit les caisses de guerre de plus 600 millions d’euros tous les jours), pourraient sortir du chapeau de l’UE.

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