Après des années à faire l’autruche, les Big Tech n’ont désormais plus le choix et doivent prendre position dans les problèmes géopolitiques

Facebook, Apple, Twitter ou même Google ont déjà pris parti dans la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie, mais jusqu’à récemment, ces géants de la tech n’hésitaient pas à courber l’échine face à Vladimir Poutine pour développer leurs affaires en Russie.

Que ça soit Apple, Facebook ou Google, les Big Tech ont sans cesse assuré que la liberté d’expression était l’une de leurs grandes priorités. Cela ne les a pourtant pas empêchés de s’incliner sous la pression de divers pouvoirs, supprimant ou restreignant certains contenus qui ne leur plaisaient pas pour rester dans leur bonne grâce et surtout continuer à faire des affaires dans ces pays. C’est ainsi que les géants de la tech sont parvenus à s’imposer dans presque tous les marchés du monde, dont celui de la Russie qui a pourtant été longtemps opposée aux médias sociaux occidentaux et entreprises américaines.

Contourner les problèmes géopolitiques

En réalité, la priorité de ces entreprises technologiques se limitait surtout faire des affaires, quitte à empiéter sur leur morale. C’est ainsi que plusieurs d’entre elles ont réussi à conquérir des marchés où les autorités conduisent des politiques moralement discutables, comme le souligne si bien ArsTechnica. C’est notamment le cas de la Chine. Apple ou Google s’y sont frayés un chemin, non sans difficulté, leur présence dans le pays étant régulièrement remise en question. Cela ne les empêche pas de se plier en quatre pour plaire aux autorités locales.

Jusqu’à présent, les Big Tech sont parvenues à se développer sans devoir choisir un camp dans l’opposition Chine-États-Unis dont les contours se dessinent depuis plusieurs années. Mais, de toute évidence, ils ne pourront pas y échapper concernant la scission Occident-Russie.

Se plier aux contraintes

Si la Russie a cédé à la pression des réseaux sociaux et des Big Tech américains et les a autorisés sur son territoire, elle conserve une forte influence dessus. C’est ainsi que Facebook et Twitter ont été contraints de supprimer des messages qui encourageaient les manifestations antigouvernementales. Une main de fer que Moscou a également appliqué sur Apple et Google. Ces derniers ont en effet supprimé des applications pouvant aider les politiques de l’opposition sur demande du gouvernement de Vladimir Poutine.

La Russie n’est pas le seul pays à avoir demandé aux plateformes sociales de retirer des publications. Les États-Unis l’ont fait également et ont eu gain de cause, mais ici, il était avant tout question d’enrayer des campagnes de désinformation plutôt que d’empêcher l’opposition de s’exprimer.

L’Occident ou la Russie ?

Meta a mis en lumière la présence de plusieurs faux comptes, groupes et pages qui diffusaient de la propagande prorusse et anti-Ukrainienne sur ses plateformes. En parallèle, la maison mère de Facebook a également indiqué que les tentatives de phishing pour mettre la main sur les comptes de responsables et journalistes ukrainiens avaient explosé. Les médias d’État russes ne sont plus autorisés à diffuser de la publicité et monétiser leurs contenus.

Le conflit russo-ukrainien se déroule sur la toile, c’est un fait. Twitter a détaillé la marche à suivre pour sécuriser son compte, mais aussi ses données personnelles pour éviter d’être localisé. Un message qui s’adressait avant tout aux Ukrainiens, bien qu’il ait été traduit en anglais et en russe.  

Apple a fait part de son soutien à l’Ukraine et suspendu la vente de ses produits et limité ses services en Russie, de même que Google en désactivant les informations de fréquentation en direct. Les chaines de TV pro-russes Russia Today et Sputnik ont également été débranchées de YouTube et de TikTok, un geste fort.

Nombreux sont les politiques à faire pression pour que les Big Tech prennent des mesures plus fortes, qu’ils prennent clairement parti pour l’un ou l’autre camp et qu’ils arrêtent de faire l’autruche face aux préoccupations géopolitiques.

Reste à voir quel comportement ces entreprises technologiques adopteront à l’avenir.

Plus