L’Allemagne s’oppose au plan des Pays-Bas et de l’Espagne : “Les nouvelles règles budgétaires ne peuvent pas seulement être constituées d’exceptions”

Le ministre allemand des Finances met en garde contre une impasse entre les États membres européens sur les nouvelles règles budgétaires de l’UE.

Pourquoi est-ce important ?

Les objectifs budgétaires de l'UE deviennent de plus en plus inaccessibles pour de nombreux pays, ce qui pousse le bloc à vouloir revoir les règles du jeu. Plusieurs voix, notamment une proposition commune improbable des Pays-Bas et l'Espagne, se sont élevées pour introduire des règles plus flexibles afin de tenir compte de la diversité des États membres européens, mais l'Allemagne veut resserrer la vis.

Dans l’actualité : Pour Christian Lindner, le ministre allemand des Finances, les nouvelles règles ne doivent pas être trop laxistes.

« Il n’y a toujours pas de zone d’atterrissage, une solution qui convainc tout le monde », a déclaré Lindner au Financial Times.

  • Après plusieurs années de pause, les règles budgétaires de l’UE vont faire leur retour. La Commission européenne souhaite réviser le Pacte de stabilité et de croissance de l’UE. C’est nécessaire, car de nombreux pays – dont la Belgique – sont loin de l’objectif. Les propositions pour de nouvelles règles voudraient donner plus de marge de manœuvre à certains pays sous certaines conditions.
  • Mais l’Allemagne a peu goutté la récente proposition de Rutte et Sánchez. Les dirigeants des Pays-Bas et de l’Espagne ont lancé l’idée d’établir des règles budgétaires à la carte selon la situation financière des États membres. Plus décisif encore, ils ont proposé de ne pas prendre en compte les investissements dans la numérisation et la transition énergétique dans les déficits budgétaires.
  • Lindner affirme que d’autres capitales européennes ‘faucons’ (favorables à une politique budgétaire stricte) soutiennent sa position. Le ministre a également rejeté tout plan de financement supplémentaire, comme on en a connu durant la crise sanitaire.
  • Le débat fait rage entre les Etats membres pour adapter le Pacte de stabilité à la réalité d’aujourd’hui. Les faucons et les colombes (favorables à une politique budgétaire souple) doivent trouver un équilibre. Si cela dépendait de Lindner, les pays avec un ratio dette/PIB trop élevé devraient le réduire de 1 % chaque année, quel que soit le cycle économique. Pour les pays ayant des dettes moins élevées, une réduction de 0,5 % pourrait être appliquée.

Plus réaliste

  • Les règles du Pacte de stabilité et de croissance ont été temporairement suspendues en 2020, permettant aux gouvernements d’avoir la capacité financière de soutenir l’économie pendant la pandémie. Ces règles stipulaient que le déficit budgétaire ne pouvait pas dépasser 3% du PIB et que la dette publique ne pouvait pas être supérieure à 60%. Si l’on dépasse cette limite, les règles de l’UE imposent une vitesse de réduction de la dette de 5% par an.
  • Comme de nombreux pays européens sont bien au-delà de cet objectif, ces règles ne sont plus vraiment réalistes. L’Europe préférerait donc les voir réformées.
  • « Beaucoup de gens pensaient que l’Allemagne, simplement parce qu’elle a maintenant un chancelier social-démocrate et que les Verts sont au gouvernement, abandonnerait son engagement envers des finances publiques stables et poursuivrait d’autres idées », a déclaré Lindner.
  • « Mais ce n’est pas le cas. » Selon le ministre, l’Allemagne a été “très constructive et réaliste dès le départ”. « Nous avons parcouru un long chemin », a-t-il ajouté. « Mais le résultat de la réforme doit être défendable. Les nouvelles règles budgétaires ne peuvent pas seulement être constituées d’exceptions. »

BL

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