« La fin de l’ère Merkel ». C’est ainsi que le journal allemand der Spiegel titre l’un de ses éditoriaux. Selon son auteur Dirk Kurbjuweit, la stabilité dont la chancelière allemande était la garante n’est plus au rendez-vous. L’incapacité du parti libéral démocrate (FDP) et du parti Socialiste (SPD) à s’entendre avec la CDU de la chancelière pour former une coalition est l’un des symptômes de ce malaise.
« La fin de l’ère Merkel ». C’est ainsi que le journal allemand der Spiegel titre l’un de ses éditoriaux. Selon son auteur Dirk Kurbjuweit, la stabilité dont la chancelière allemande était la garante n’est plus au rendez-vous. L’incapacité du parti libéral démocrate (FDP) et du parti Socialiste (SPD) à s’entendre avec la CDU de la chancelière pour former une coalition est l’un des symptômes de ce malaise.
Pour le journaliste, le comportement étrange des politiciens allemands est comparable à celui des oiseaux à l’approche d’une catastrophe naturelle. On dirait qu’ils sentent qu’un désastre va se produire, ce qui explique leur comportement inhabituel. Et selon lui, cet événement, c’est la fin de l’ère Merkel. En effet, d’après lui, nous sommes entrés dans la dernière phase du « Merkelisme ».
Le consensus à tout prix
Cette ère s’est caractérisée par le centrisme politique et la recherche à tout prix du consensus. Car selon le journaliste, « le centre croit qu’il est l’incarnation du consensus ». La poursuite de cet objectif a mené à une politique qui a ignoré la périphérie, et a parfois emprunté certains thèmes à des opposants politiques.L’Allemagne a profité des effets de cette posture. Le pays a pu traverser sans encombre la crise financière mondiale, et son économie est prospère. Mais en raison même de cette obsession pour le consensus, la chancelière a rechigné à mener toute réforme qui aurait pu menacer la paix sociale. Cet immobilisme a également nuit à la démocratie, dans la mesure où cette dernière se nourrit du pluralisme des points de vue.Kurbjuweit affirme que le Merkelisme est maintenant en crise, parce que le climat sociétal n’est plus propice au consensus, mais aussi parce que la chancelière n’est plus en position de force.
La politique d’immigration
La politique menée à partir de 2015 en faveur des réfugiés a conduit à des divisions. Elle est à l’origine d’une montée en puissance du parti populiste d’extrême droite alternative für Deutschland, mais aussi à une fracture au sein de la CDU d’Angela Merkel. Le FDP s’est distancé des Verts, tandis que les sociaux-démocrates se sont écartés de certains conservateurs. Tout le centre politique est maintenant divisé. Une large périphérie s’est formée à droite, avec laquelle aucun consensus n’est possible.Les prises de position de la chancelière sur la question des réfugiés ont déboussolé une partie du peuple allemand. Cela s’est soldé par un faible taux de participation aux élections. L’autorité de Merkel en a souffert. Les électeurs savent que la chancelière ne conservera le pouvoir que pendant les 2 ou 3 prochaines années. Cette perspective a renforcé ses rivaux. Même au sein de la CDU, sa politique de migration est ouvertement critiquée.Le SPD et le FDP, qui ont vu leurs suffrages diminuer après avoir participé aux anciennes coalitions avec la CDU, sont réticents pour en former une nouvelle.« Le Merkelisme, quant à lui, est en ruines », écrit le journaliste. Alors que la chancelière recherchait la stabilité à tout prix, elle a plongé son pays dans l’une des plus grandes périodes d’instabilité de son histoire. Merkel elle-même est maintenant associée avec la fin, et non pas un nouveau commencement.« Si Merkel est vraiment préoccupée par la stabilité, elle devrait se rendre compte que si elle atteint ou dépasse le record des 16 ans au gouvernement d’Helmut Kohl, le pays n’en bénéficiera pas du tout », conclut Kurbjuweit.