Principaux renseignements
- Les constructeurs automobiles japonais envisagent de réimporter au Japon des voitures construites aux États-Unis afin de remédier aux déséquilibres commerciaux avec ce pays.
- Ce geste vise à démontrer la bonne volonté et la volonté de contribuer à des pratiques commerciales équitables.
- Les importations inversées sont confrontées à des défis logistiques en raison des différences entre les normes de sécurité.
Les constructeurs automobiles japonais envisagent une solution unique pour apaiser les inquiétudes du président Donald Trump concernant les déséquilibres commerciaux : réimporter au Japon certains de leurs véhicules construits aux États-Unis. Cette mesure, bien que potentiellement coûteuse et difficile sur le plan logistique, reflète le désir de Tokyo de remédier à l’important excédent commercial que le Japon détient avec les États-Unis.
Réponse aux préoccupations commerciales
Cette proposition fait suite à des informations selon lesquelles le gouvernement du nouveau Premier ministre japonais, Sanae Takaichi, envisage d’acheter des camionnettes Ford F-150 pour les utiliser au Japon, une décision considérée comme symbolique plutôt que pratique en raison de la taille des véhicules et de leur inadaptation aux routes japonaises étroites.
Les dirigeants de Toyota et de Nissan ont exprimé leur intérêt pour les « importations inversées », reconnaissant que l’augmentation du coût de la main-d’œuvre aux États-Unis et l’affaiblissement du yen rendraient ces importations plus onéreuses. Toutefois, ils considèrent cette stratégie avant tout comme un geste de bonne volonté visant à atténuer les tensions commerciales.
Un geste de bonne volonté
Takaki Nakanishi, analyste automobile chevronné, souligne que ces importations inversées visent moins à réaliser des gains financiers qu’à démontrer la volonté de l’industrie automobile de contribuer à des pratiques commerciales équitables et ouvertes. Le PDG de Toyota, Koji Sato, les décrit comme un moyen potentiel de promouvoir un « commerce ouvert et équitable ».
Guillaume Cartier, directeur des performances chez Nissan, a également déclaré que l’entreprise « réfléchit sérieusement » à l’importation inversée, tout en reconnaissant que, pour réduire le déficit commercial américain de 68,5 milliards de dollars (63,7 milliards d’euros) avec le Japon, des solutions plus larges que l’importation de voitures sont nécessaires.
Un impact limité
Bien que symbolique, le volume prévu de ces importations inversées devrait être modeste, soit environ 20 000 véhicules par an. Ce chiffre est dérisoire par rapport aux quelque 1,4 million de véhicules motorisés que le Japon a exportés vers les États-Unis l’année dernière.
Au-delà des chiffres commerciaux, les constructeurs automobiles japonais ont considérablement investi dans la mise en place d’opérations locales aux États-Unis, en réponse aux frictions commerciales qui prévalaient dans les années 1980. Rien que l’année dernière, l’industrie automobile japonaise a produit 3,3 millions de véhicules aux États-Unis.
Importance symbolique de l’importation inversée
Toutefois, la mise en œuvre de ces importations inversées se heurte à des obstacles. Les différences entre les normes de sécurité et les préférences des clients entre les deux pays nécessitent des ajustements. Le PDG de Toyota, Sato, a souligné la nécessité d’harmoniser les normes, ce qui requiert l’intervention du gouvernement. Cartier, de Nissan, a mis l’accent sur les divergences entre les demandes du marché, notant que les conducteurs japonais n’apprécient pas forcément les modèles de voitures plus grandes généralement vendus aux États-Unis.
En outre, le défi logistique que représente l’adaptation des véhicules conçus pour les marchés à conduite à gauche (États-Unis) aux marchés à conduite à droite (Japon) ajoute à la complexité. Malgré l’impact limité sur les chiffres du commerce, l’analyste Takaki Nakanishi estime que la valeur symbolique est primordiale. Il souligne que cet effort renforce la confiance avec le gouvernement de Trump et souligne l’engagement du Japon à améliorer les relations bilatérales. (uv)
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