Ces derniers jours, la répression contre les homosexuels s’est intensifiée en Egypte. Les forces de sécurité ont fait des descentes dans les cafés du centre-ville du Caire et plusieurs tribunaux ont infligé de lourdes peines de prison. Selon un militant des droits de l’homme, depuis l’organisation d’un concert de rock le mois dernier durant lequel certains membres du public avaient déployé le drapeau de la communauté LGBT, plus de soixante personnes homosexuelles ont été arrêtées . 20 personnes ont été condamnées à des peines de six mois de prison et quatre autres à trois ans.La police a fait irruption a procédé à des raids nocturnes et a eu recours aux messageries en ligne pour les piéger. En outre, plusieurs établissements de la communauté LGBT ont été fermés.On dénombre de nombreux passages à tabac et autres mauvais traitements. Des activistes des droits de l’homme ont également dénoncé l’application d’examens anaux forcés par les forces de l’ordre.
Une répression sans précédent
« Un tel ciblage de la communauté homosexuelle n’avait jamais eu lieu depuis 2001», a déclaré Doaa Mostafa, avocat des droits de l’homme.De nombreux mouvements internationaux de défense des droits de l’homme dénoncent depuis un certain temps l’attitude du gouvernement égyptien exigeant la fin de la répression. Les Nations Unies ont qualifié ces raids anti-homosexuels en Egypte ainsi que les violences semblables en Azerbaïdjan et en Indonésie de violation du droit international.Cette opération coup de poing est le dernier exemple en date de la vague de répression envers les libertés politiques et sociales du gouvernement du président Abdel Fattah al-Sissi. On constate une véritable recrudescence des exécutions extrajudiciaires et des arrestations d’opposants politiques. Des centaines de sites internet ont également été fermés.Selon les activistes des droits des homosexuels, cette campagne est une manière de détourner l’attention des problèmes économiques et politiques du pays.En Egypte, la population est majoritairement conservatrice, rappellent les militants. Musulmans et chrétiens considèrent l’homosexualité comme un péché. 95 % des citoyens estimeraient que l’homosexualité est inacceptable, selon un sondage de Pew Research de 2013.L’homosexualité n’est pas illégale mais les autorités s’en prend à cette communauté en s’appuyant sur une loi anti-prostitution des années 60 qui condamne la débauche, comportement considéré propre à l’homosexualité par les tribunaux.Depuis quatre ans, date du coup d’État d’al-Sissi contre le président islamiste Morsi, environ 550 personnes homosexuelles ont été arrêtées.« Ces arrestations mettent un terme à la diffamation de l’image de l’Egypte et de sa jeunesse », a déclaré le parlementaire Mostafa Bakri. « Les personnes détenues doivent faire être jugées immédiatement car elles ont délibérément utilisé ce concert pour faire croire que l’Egypte est un pays d’homosexualité, ce qui n’est pas vrai. »