5 scénarios qui pourraient couper l’économie mondiale dans son élan en 2022

L’économie mondiale a connu une année faste en 2021. La relance semble toujours inévitable malgré les variants, la crise de la chaine de l’approvisionnement et l’inflation. Mais différents scénarios pas si improbables pourraient venir casser cette relance.

2021 a été une année forte pour l’économie. Les entreprises ont su lever plus de fonds que jamais auparavant, les différents indices boursiers comme le S&P 500, le Nasdaq, l’Euro Stoxx 50, le CAC 40 ou BEL 20 ont gagné plus de 20 voire même plus de 25%.

La croissance des Etats-Unis pourrait connaître sa meilleure progression depuis 1984. Et cette tendance devrait continuer en 2022, analyse CNN Business. L’économie américaine devrait guérir du covid, et retrouver le plein emploi avant la fin de l’année. L’inflation devrait aussi retomber, note le média.

Mais même si l’économie est en ce moment en plein essor, les signes de mauvais augure ne sont jamais loin. Les deux dernières années nous auront notamment appris qu’on peut s’attendre à tout, surtout aux choses inssoupçonnés. Voici les cinq (voire six) éléments qui peuvent mettre des bâtons dans les roues de la relance économique – des Etats-Unis et d’ailleurs.

1. Encore une année covid ?

« La pandémie reste le principal facteur de perturbation potentiel de l’économie nationale et mondiale », s’exprime Joe Brusuelas, économiste en chef pour RSM. Il est vrai que le virus est tenace. A chaque fois que l’on semble entrevoir la lumière au bout du tunnel, le tunnel se rallonge, parsemé de nouvelles vagues et de nouveaux variants. Les risques pour l’économie restent les fermetures de différents secteurs et interdictions de voyages. Même si d’un autre côté, au fil des vagues, les mesures de confinement deviennent de moins en moins stricts, ce qui pourrait être au bout du compte un signal positif.

Un constat est sans appel : l’effet positif des vaccins. Mais au vu de leur distribution inégalitaire, le virus peut librement circuler dans des zones à faibles taux de vaccination, muter, et peut-être « apprendre » à déjouer nos défenses immunitaires, puis revenir sur les zones déjà vaccinées et mener à de nouveaux confinements.

Pour l’heure, le variant omicron a la mainmise sur les infections. Le pic de la vague semble passé en Afrique du Sud, d’où il a émergé, mais d’autres pays actuellement sous son emprise restent inquiets. Sa plus forte résistance aux vaccins force notamment à la prudence de la part des politiques.

Sur les marchés boursiers cependant, omicron ne s’est pas longtemps fait sentir : ils ont fini l’année sur des records. Les investisseurs semblent parier sur la fin d’omicron et la non-apparition d’autres variants (ou du moins de variants de moins en moins dangereux). David Kotok, investisseur en chef auprès de Cumberland Advisors, espère qu’ils ont raison, mais reste circonspect.

2. Les chaines d’approvisionnement toujours engorgées?

La demande est forte, mais l’offre ne suit pas, car les chaines de production et d’acheminement de différents produits accusent des retards, dû en partie à la crise sanitaire. Ce déséquilibre provoque une hausse des prix. A l’heure où omicron est entré en scène, la situation avait très doucement commencé à se délier. On entrevoyait même une fin de crise pour la mi-2022.

Mais avec le nouveau variant, d’autres retards sont possibles. Les produits sont fabriqués dans des pays qui ont un plus faible taux de vaccination, et où les travailleurs sont encore plus exposés aux contaminations. Pour Vincent Reinhart, ancien de la Fed et aujourd’hui économiste auprès de BNY Mellon, ces endroits et secteurs pourraient connaitre de nouvelles fermetures.

En cette période de début d’année, la demande est cependant habituellement moins forte. Les chaines d’approvisionnement ont quelques semaines pour souffler.

3. Si l’inflation ne baissait pas

Aux Etats-Unis, l’inflation a connu sa plus forte progression en 39 ans, au mois de novembre. En Europe également elle connait une forte hausse, du jamais vu depuis l’apparition de l’euro. Pour Goldman Sachs, l’inflation devrait continuer cette progression encore quelques mois, puis retomber.

Mais tout est dans tout. Si un variant problématique venait à mettre un grain de sable dans la machinerie, la crise d’approvisionnement influencerait le prix des matières premières, et au bout du compte l’inflation. Sans compter l’évolution du prix de l’énergie. Selon certains investisseurs de Wall Street, les prix du pétrole pourraient aussi continuer à augmenter.

4. Si les banques centrales se trompaient de taux

Pour faire face à l’inflation, les banques centrales, notamment la Fed, vont mettre fin au rachat d’obligations et augmenter les taux d’intérêt. La BCE est encore dans l’attente. L’action de la Fed est interprétée comme une bonne chose par les marchés : car c’est ce qui était attendu. Les marchés détestent l’incertitude. Or, ici, l’inflation grignote l’épargne et peut à terme plomber la consommation, ce qui n’est jamais bon pour l’économie.

En relevant ses taux, la Fed montre que l’argent gratuit doit prendre fin. Les taux zéro ont fait grimper l’inflation, la fin de la récré doit être sonnée pour les Etats qui s’endettent sans fin. Le danger, c’est qu’en relevant les taux, les banques centrales mènent les Etats et les entreprises à l’asphyxie suite au remboursement de leurs intérêts, ce qui plomberait à son tour l’économie. Les banques centrales doivent trouver un juste milieu entre le contrôle de l’inflation et la relance.

5. La fin des subventions de la pandémie

Elles ont déjà coûté plus de 6 billions de dollars à l’Etat fédéral américain. En Belgique, un bilan provisoire faisait état de 24 milliards d’euros en mesures de soutien. Alors que ces aides devraient être mises à l’arrêt au cours de l’année 2022, elles ont été un facteur favorisant la relance et ont permis d’éviter bien des faillites.

Le danger, c’est la résurgence d’un énième variant, d’une énième vague, menant à la fermeture de secteurs entiers nécessitant une assistance respiratoire : cela mènerait à l’endettement. Impossible à tenir sous les hausses d’intérêt de la Fed aux Etats-Unis, ou dans le cadre strict des critères de Maastricht en Europe, que certains Etats veulent alléger ou remettre à plus tard.

Ces cinq éléments sont tous susceptibles d’arriver. Ils sont aussi tous intimement liés, s’influençant les uns les autres.

L’inattendu

Les attaques numériques, comme le piratage, peuvent paralyser des réseaux entiers, mettant à l’arrêt des secteurs entiers ou même les marchés. Une attaque d’une ampleur sans précédent n’est pas à exclure après une année 2021 particulièrement vulnérable. A l’échelle politique et militaire, la cybersécurité est aussi une arme de plus en plus importante.

« Est-il possible que dans 12 mois, nous ne parlions que de ce dont nous ne parlons pas aujourd’hui ? Oui », conclut Reinhart, en comparant notre avenir à la pandémie que personne n’aurait imaginé auparavant. On peut aussi imaginer des catastrophes naturelles, qui deviennent effectivement de plus en plus importantes (les inondations en province de Liège, personne n’aurait pu les imaginer non plus), une nouvelle guerre en Mer de Chine, à la frontière ukrainienne, ou encore un crash des cryptomonnaies.

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