5 légendes démystifiées concernant le naufrage du Titanic

Un siècle s’est écoulé depuis que le Titanic a coulé, le 14 avril 1912, deux heures et demie après avoir heurté un iceberg, provoquant la mort de 1.520 hommes, femmes et enfants. Cette tragédie a inspiré de nombreux films, (donc celui de James Cameron, Titanic, qui doit ressortir prochainement en 3D) et documentaires, et alimenté de véritables mythes. En voici 5 :

Insubmersible

Dans le film de James Cameron de 1997, « Titanic », la mère de l’héroïne regarde le bateau depuis le quai de Southampton et commente « voilà donc le navire que l’on dit insubmersible ». Mais pour Richard Howells, du Kings College de Londres, il s’agit certainement du plus grand mythe derrière l’histoire du naufrage du paquebot. La White Star Line, l’armateur du navire, n’a jamais rien prétendu de tel, et selon Howells, personne n’avait jamais affirmé que le navire était insubmersible, en tout cas avant le drame.

D’ailleurs, le Titanic a été lancé 15 ans après les débuts du cinéma, et il n’a pas fait l’objet de beaucoup de films avant son naufrage parce qu’il n’était pas si extraordinaire que cela. Un navire similaire, l’Olympic, avait été bâti en même temps par les mêmes chantiers navals. Mis à flot un peu avant le Titanic, il lui avait volé la vedette lors de son voyage inaugural Southampton/New York en 1911. 

La dernière chanson jouée

Selon la légende, l’orchestre du bateau a joué jusqu’aux derniers instants, et la dernière chanson jouée serait « Plus près de Toi, mon Dieu ». Aucun des musiciens n’a survécu au drame, et ils ont été acclamés comme des héros. Le Daily Miror du 20 avril 1912 avait été reproduit en carte postale avec le titre : les héros musiciens du Titanic naufragé jouent « Plus près de Toi, mon Dieu », tandis que le paquebot sombre vers son destin funeste ». Selon Simon McCallum, un archiviste du FBI, des témoins ont confirmé que les musiciens jouaient sur le pont du bateau pendant le naufrage, mais ils ne sont pas d’accord sur la nature des morceaux interprétés, et certaines personnes ont affirmé qu’ils jouaient du ragtime et de la musique populaire.

La mort du Capitaine Smith

Le Capitaine Edward Smith, qui commandait l’équipage, a laissé le souvenir d’un héros, parce qu’il n’a pas abandonné le navire. Des statues ont été érigées à son effigie et des histoires ont circulé, selon lesquelles il avait nagé avec un enfant dans ses bras… alors que ce n’est pas ce qui s’est produit.

Peut-on vraiment parler d’héroïsme compte tenu des erreurs graves qu’il a commises et de la désorganisation qui a régné lors du naufrage? Il n’a pas tenu compte des avertissements de présence d’icebergs et de brume qu’il avait reçus et n’a pas ralenti la course du navire. Il n’a pas émis d’ordre d’abandon du navire, et beaucoup de passagers n’ont pas compris ce qui était en train de se passer avant qu’il ne soit trop tard.

Bien qu’il savait qu’il n’y avait pas assez de chaloupes pour embarquer tous les passagers, il a laissé des canots de sauvetage partir alors qu’ils n’étaient remplis qu’à moitié. Certaines chaloupes n’étaient même remplies qu’au tiers de leur capacité, et après que le bateau avait coulé, très peu étaient revenues pour tenter de sauver les naufragés. 

John Grave, du Musée maritime de Londres, pense qu’il est tombé dans la confusion ce soir-là, et qu’il avait dû être encore plus traumatisé quand il avait réalisé qu’il n’y avait pas assez de canots de sauvetage. Il explique qu’il avait commandé l’Olympic, et qu’il a confondu l’agencement des deux navires.

L’homme d’affaires sans scrupules

Tous les films sur le Titanic ont relaté que le président de la compagnie qui avait construit le Titanic, J Bruce Ismay, avait insisté auprès du capitaine pour que le navire accélère, puis qu’il avait cherché à sauver sa peau en embarquant lâchement dans une chaloupe par des moyens condamnables. En Amérique, Ismay avait fait l’objet d’une campagne de dénigrement de la part de la presse qui l’avait surnommé « J Ismay la brute ». Dans le film allemand de propagande nazie sorti en 1943, Titanic, qui avait été commissionné par Goebbels, Ismay était décrit comme un homme d’affaires juif assoiffé de puissance qui avait forcé le brave capitaine allemand à faire adopter une vitesse excessive au navire et à le faire naviguer de façon imprudente dans une mer prise par la glace.

Mais selon Lord Mersey, qui a mené l’enquête britannique menée en 1912 pour comprendre ce qui s’était passé, Ismay avait aidé des passagers avant d’embarquer lui-même dans le dernier canot de sauvetage.

Ismay n’a jamais réussi à restaurer sa réputation et il a pris sa retraite de la White Star Line en 1913 complètement brisé. On ne lui a jamais pardonné d’avoir survécu au drame.

Les passagers de l’entrepont

Dans le film de James Cameron, les passagers de troisième classe sont maintenus sous le pont et on les empêche d’accéder aux chaloupes. Mais selon Richard Howells, rien ne prouve qu’ils avaient été maintenus à l’entrepont pour cette raison.

Il existait bien des portes pour empêcher les passagers de troisième classe d’entrer en contact avec les autres passagers, mais elles étaient rendues obligatoires par les lois américaines en matière d’immigration pour empêcher la transmission de maladies infectieuses. A l’arrivée à Manhattan, le bateau devait effectuer un arrêt à Ellis Island pour que les immigrants puissent y subir un examen de santé, explique Howells.

Chaque classe de passagers avait accès à son propre pont et à ses propres canots de sauvetage. Mais à bord du Titanic, il n’y avait aucune chaloupe dans la section du navire réservée aux troisièmes classes.

Selon Lord Mersey, les passagers de troisième classe étaient réticents à quitter le navire, « refusant de se séparer de leurs bagages », probablement constitués de toutes leurs possessions d’une vie, et il était difficile de leur faire rejoindre les chaloupes.

Toujours est-il que ce sont ces passagers qui ont payé le plus lourd tribut, puisque 530 d’entre eux sont morts, contre 124 personnes de première classe et 166 personnes de seconde classe. La BBC propose ici un bilan du naufrage selon les catégories de passagers.