1.Une crise politique au Royaume-Uni
C’est donc officiel, et historique : le Royaume-Uni devient le premier pays à quitter l’Union Européenne. Les Britanniques se sont prononcés à 51,9 % en faveur du Brexit. Les marchés mondiaux ont été très ébranlés par ce résultat. La livre a immédiatement chuté à 1,30 contre le dollar, une parité qu’elle n’avait pas eu depuis plus de 30 ans. L’euro s’est aussi déprécié contre la monnaie américaine.
Beaucoup d’investisseurs avaient parié sur le maintien de la Grande-Bretagne en Europe, et les bourses ont été chahutées dans le monde. En Europe, les actions de plusieurs grands groupes internationaux ont plongé de plus de 8 %. Les titres de plusieurs banques européennes se sont écroulées quant à elles de plus de 15 %.Mais le Brexit aura aussi des conséquences plus durables. Le Financial Times en a recensé 5 :Le vote des Britanniques risque non seulement de déclencher une crise économique dans le pays, mais aussi une crise politique. Le Premier ministre, David Cameron, a annoncé qu’il donnait sa démission, et qu’il se retirerait dans les 3 prochains mois. C’est probablement une personnalité conservatrice anti-UE qui lui succédera, ce qui risque de nuire aux relations entre le Royaume-Uni et Bruxelles. Il est peu probable que l’UE sera encline à faire des concessions avec un pays qui menace sa propre unité.En Ecosse, où on a majoritairement voté en faveur du maintien dans l’UE (62 %), la question de l’indépendance risque de se poser de nouveau, et avec elle, la possibilité de l’organisation d’un second référendum pour statuer sur une possible sortie du Royaume-Uni. Angus Robertson, qui dirige le Parti national écossais (SNP) au parlement britannique a Westminster, a évoqué une “crise constitutionnelle”. Le Brexit met aussi en exergue les vulnérabilités de la zone euro. Le vote au référendum britannique a beaucoup ébranlé les marchés financiers, et les investisseurs risquent de se demander si les dirigeants européens auront la volonté de faire avancer l’union monétaire, et s’ils auront assez de soutien pour cela. Ils surveilleront en particulier les progrès éventuels de l’union bancaire au cours des 12 prochains mois. De même, les pays de la zone euro seront examinés de très près, notamment ceux qui sont englués dans de grandes difficultés économiques. Des partis populistes de plusieurs nations européennes ont déjà manifesté leur souhait d’un référendum dans leurs pays respectifs. En Hollande, le député d’extrême droite Geert Wilders a réclamé la tenue d’un référendum pour statuer sur un “Nexit”, une potentielle sortie du pays de l’UE. En France, la dirigeante du Front National Marine Le Pen a déclaré qu’il “fallait maintenant le même référendum en France et dans les pays de l’UE”.Il y a fort à parier que les partis d’extrême droite des pays occidentaux seront galvanisés par le Brexit, en particulier le Front National en France. Le journal estime qu’il est peu probable qu’aucun d’entre eux n’accède au pouvoir dans un pays de l’UE. En revanche, ils renforceront leur soutien, ce qui leur donnera plus de poids pour influencer le débat politique, notamment sur les questions d’immigration.Si elle veut survivre, l’Europe sera condamnée à développer son intégration. Si une union monétaire et une union fiscale ne sont pas encore à l’ordre du jour, elle pourra progresser dans le domaine de la défense et de la sécurité intérieure. L’Allemagne et la France devraient être les fers de lance de ces évolutions.Désormais, les pays de l’UE qui n’ont pas adopté l’euro sont au nombre de 7, mais ils ne pèsent plus que 15 % du PIB de l’UE, contre 30 % avec le Royaume-Uni. Cela implique un renforcement de la suprématie allemande, ce qui risque de susciter des tensions aussi bien en Allemagne, que dans les autres pays du bloc.