Vers un salaire minimum obligatoire au sein de toute l’Europe ?

La décision d’introduire en Allemagne un salaire minimum en janvier 2015 a invité l’Union Européenne à envisager d’en généraliser l’usage au sein du bloc, rapporte Euractiv. Les problèmes posés par le détachement des travailleurs et la concurrence qu’elle induit entre les différents systèmes de sécurité sociale des Etats membres ont en effet révélé la nécessité d’une convergence sociale entre eux. Le rapporteur du Parlement européen sur le dumping social, le français Guillaume Balas, a recommandé la mise en place progressive en Europe d’un salaire minimum. Selon lui, ce dernier devrait être fixé à 60 % du revenu national médian de chaque État membre. Cette proposition a été adoptée par une large majorité de députés européens, et beaucoup d’entre eux souhaitent qu’elle soit intégrée dans la directive révisée concernant le détachement des travailleurs.Au mois de mars de cette année, la Commission européenne a présenté un premier jet de cette directive qui ne contenait aucune référence à ce salaire minimum. Pourtant, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, avait lui-même déclaré lors de son discours du mercredi  14 septembre que les employés devaient obtenir le même salaire pour le même travail au même endroit. « C’est une question de justice sociale », avait-il ajouté.Actuellement, six pays européens (l’Italie, Chypre, l’Autriche, le Danemark, la Finlande et la Suède) n’ont aucun salaire minimum légal. De même, les différences qui existent entre les salaires minimums nationaux respectifs des différents Etats membres sont comprises dans un éventail de 1 à 10. Ainsi, le salaire minimum de la Bulgarie n’était que de 215 euros au mois de janvier 2016, alors il était de 1923 euros au Luxembourg.

Une pression à la baisse sur les salaires ?

Beaucoup de pays de l’Est de l’Europe sont opposés à la révision de la directive concernant le détachement des travailleurs. En effet la plupart d’entre eux offrent les salaires minima les plus faibles du continent, et l’introduction d’un salaire minimum européen pourrait leur faire perdre un avantage compétitif significatif.Les pays européens qui en ont un ont fixé leur salaire minimum à entre 40 et 60 % du revenu médian national. Si une loi européenne introduisait un salaire minimum à 60 % du revenu médian national, cela ne changerait pas grand-chose dans beaucoup de pays, notamment en France, au Portugal ou au Luxembourg. Mais si l’Union européenne décidait de fixer un seuil inférieur, cela pourrait avoir pour conséquence de faire baisser les salaires de ces pays.