15 chiffres inquiétants concernant la santé mentale en Belgique

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Dans son rapport « Les soins de santé mentale en Belgique en Belgique sont-ils sains? (.pdf), le think tank Itinera Institute a analysé la situation des soins de santé mentale dans notre pays. Dans ce cadre, il présente une série de chiffres intéressants :

✔ Si l’on place trois Belges au hasard autour d’une table, un d’entre eux en moyenne aura été confronté à un trouble mental à un moment de son existence. (Ces chiffres, quoique élevés et inquiétants, situent la Belgique dans la moyenne internationale). Diverses enquêtes montrent également qu’environ 26% des Belges ne se sentent pas bien dans leur peau.

✔ Le nombre d’admission forcées a augmenté de 42% entre 1998 et 2008, soit avant la crise. Récemment, on a observé une augmentation de 10% du nombre d’admissions en hôpital psychiatrique, en particulier en Flandre.

✔ La Flandre dispose d’un nombre remarquablement élevé de réadmissions dans les 30 jours dans les hôpitaux psychiatriques: 25% pour les cas de schizophrénie, 20% pour les cas de psychose maniaco-dépressive.

✔ Les troubles psychiatriques sont la première cause d’invalidité, avec 34% des cas. La dépression, l’addiction à l’alcool et la démence sont les cas les plus fréquents.

✔ 27% des cas d’absentéisme pour cause de maladie pour une durée supérieure à 15 jours ont une cause psychologique. Le mal-être psychique est également en cause dans 25% des cas de versement d’indemnités d’incapacité de travail.

✔ Le présentéisme, avec une baisse de productivité au travail, a presque doublé en 5 ans en Belgique chez les personnes atteintes d’une affection psychique modérée, ce qui fait que la Belgique a dépassé la moyenne européenne.

✔ Les patients psychiatriques ont une espérance de vie de 15 ans inférieure à la moyenne, principalement dû à des causes physiques.

✔ Le nombre de suicides est respectivement de 17, 24 et 14 suicides pour 100.000 habitants en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Le taux de la Flandre est donc 1,5 fois plus élevé que celui de la moyenne européenne. Avec 3 suicides quotidiens, la Belgique se classe dans les 3 premiers en Europe.

✔ 30 à 70% des enfants nés de parents souffrant d’un trouble mental développeront eux-mêmes un trouble mental. Il est aussi à noter que plus de 90% des personnes qui ont commis une tentative de suicide ont auparavant souffert d’un trouble mental. Près de la moitié d’entre elles avaient déjà reçu un traitement par le passé. Le suicide n’est donc généralement pas un phénomène isolé.

✔ L’utilisation des médicaments psychotropes, qui atteint 19,1%, est remarquablement élevée par rapport à d’autres pays. Concernant les antidépresseurs et les somnifères, il y a clairement une surconsommation.

✔ En Belgique 46% des personnes souffrant d’une pathologie grave consultent un médecin, mais ne reçoivent ni de médicament, ni de thérapie. 25% reçoivent uniquement un traitement médicamenteux et 3,8% seulement une thérapie. La préférence pour les médicaments par rapport à la thérapie est en partie attribuable aux coûts. L’association de la médication et de la thérapie, qui devrait être la norme, ne correspond pas à la réalité. Les longs délais d’attente, qui peuvent varier d’un mois à un an, sont également confirmés par le gouvernement.

✔ Il existe un lien clair entre les problèmes de santé mentale et le statut socio-économique: 72% des personnes qui font appel à ​​une aide sociale générale ou à un CPAS (Centre d’action sociale), ont connu un état ​​de mal-être mental. 58% d’entre elles souffrent de légère dépression, 36% ont déjà tenté de se suicider, et 20% ont nécessité des soins de santé mentale. Ce sont des taux beaucoup plus élevés que ceux que l’on trouve dans les populations de gens qui ne sollicitent pas d’aide sociale.

✔ Le départ des soins professionnels intervient souvent trop tard: on compte en moyenne un an de retard pour les troubles de l’humeur, 16 ans de retard pour les troubles liés à l’anxiété 18 ans trop tard pour l’abus de substances.

Ces carences de traitement sont la conséquence d’une cascade de barrières. Seulement 1 personne sur 3 cherche une aide professionnelle. Il est révélateur que seulement 9% des personnes évoquent leurs problèmes psychologiques au sein de l’aide sociale. 31% ne savent pas où rechercher de l’aide. 15% ne demandent pas d’aide en raison de son coût. 32% retardent cette demande d’aide pour des raisons financières.

✔ 60 à 70% des patients psychiatriques travaillent; ils ne sont plus que 45 à 55% à travailler lorsqu’ils souffrent d’un trouble grave. Il ne s’agit là en soi que 10 à 15% de moins que le reste de la population. Les patients sans travail sont en nombre absolu un groupe important et en hausse. Cela se traduit également par une augmentation des demandes et part plus importante des demandes d’allocations.

✔ Itinera appelle à intégrer des soins dans la société comme une alternative à l’admission des patients dans les établissements psychiatriques. Les 10 recommandations du groupe de réflexion se trouvent ici.