« La Grèce risque de le regretter, comme il y a un siècle »: Erdoğan profère des menaces en grec, Athènes appelle à l’unité nationale

Dans une série de tweets publiés dans la nuit de jeudi à vendredi, Recep Tayyip Erdoğan est passé à un stade supérieur dans ses menaces verbales à l’égard de la Grèce. Et pour que ce soit bien clair pour ses voisins, il les a écrits en grec. Athènes appelle à l’unité nationale.

Depuis quelques jours, les tensions entre la Turquie et la Grèce s’accroissent dangereusement. Cette nuit, elles ont encore pris un peu plus d’ampleur. Sur Twitter, le président turc a proféré de lourdes menaces à l’égard de la Grèce. Il a même pris le soin de les écrire en grec.

« Comme la Turquie ne renoncera pas à ses droits sur la mer Égée, elle n’hésitera pas à faire usage des droits reconnus par les accords internationaux sur la démilitarisation des îles », a entamé Recep Tayyip Erdoğan.

Ankara reproche à Athènes de militariser ses îles dans la mer Égée, chose qu’elle n’aurait pas le droit de faire en raison des traités de Lausanne (1923) et de Paris (1947). Cette dernière explique qu’elle n’a pas d’autre choix, devant répondre aux provocations turques dans la région et à la présence de son « armée de la mer Égée » à Izmir.

« Nous avertissons une fois de plus la Grèce d’être prudente, de rester à l’écart des rêves, de la rhétorique et des actions qui la conduiront à des résultats qu’elle regrettera, comme cela s’est produit il y a un siècle », a poursuivi le président turc sur Twitter, faisant clairement référence à la guerre gréco-turque (1919-1922).

« La Turquie ne viole les droits et la loi de personne, mais elle ne permet pas non plus la violation de ses droits et de la loi par quiconque », a conclu Erdoğan, qui a publié les mêmes tweets en turc et en anglais.

Dans la journée de jeudi, le président turc avait déjà prévenu que sa nation était « déterminée ». « Je ne rigole pas, je suis sérieux », avait-il mis en garde.

Athènes réagit

Face à ces menaces de plus en plus virulentes, la Grèce a tenté d’apaiser les tensions… tout en restant ferme. Son Premier ministre, Kyriákos Mitsotákis, a appelé à l’unité nationale face à un voisin « imprévisible » qui, selon lui, « plus il est isolé, plus il se met en colère », rapporte Euractiv.

« Il est connu que le grec est la langue de la logique, de la liberté et du droit. Ses utilisateurs natifs et le monde occidental le savent très bien. Les tactiques choisies par la Turquie ne relèvent d’aucune de ces versions », a ajouté le porte-parole du gouvernement.

Le chef de l’opposition et ancien Premier ministre Alexis Tsipras a quant à lui répondu à Erdoğansur Twitter, en turc.

« La Grèce protégera sa souveraineté contre toutes sortes de menaces. Alors, arrêtons la provocation et revenons au dialogue sur la base du droit international. La réponse à la crise économique à laquelle nous sommes tous confrontés n’est pas le nationalisme extrême, » a-t-il écrit.

Scholz arrive

Depuis que les tensions entre la Turquie et la Grèce ont monté d’un cran, l’Allemagne a tenté de se positionner en médiatrice. La semaine dernière, Olaf Scholz avait appelé la Turquie à faire preuve de retenue à l’égard de la Grèce. « Le chancelier estime que, compte tenu de la situation actuelle, il est nécessaire que tous les alliés de l’OTAN fassent front et s’abstiennent de toute provocation entre eux », avait indiqué son porte-parole.

Le chancelier allemand ne devrait pas s’arrêter là. Il est attendu ce vendredi à Thessalonique, pour participer au processus de coopération en Europe du Sud-Est (SEECP). Toutefois, selon les observateurs, il y a peu de chances pour qu’il parvienne à apaiser le courroux d’Ankara. « Nous condamnons fermement et rejetons les déclarations sans fondement des Allemands contre notre pays », avait déjà tonné le ministère turc des Affaires étrangères la semaine dernière.

Globalement, la Turquie est d’ailleurs particulièrement irritée par le fait que, selon elle, la Grèce utilise l’UE et l’OTAN comme un parapluie protecteur dans ses relations avec la Turquie. Pour Ankara, cette question ne doit être gérée que par les deux principaux intéressés.

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